Le Figurant par filmsenvrac
Le Figurant, film de 1929, réalisé par Edward Sedgwick et Buster Keaton
Titre original: Spite Marriage (Film américain)
résumé: Elmer, un pauvre garçon timide et maladroit bien que très futé, employé dans un pressing, est amoureux de l'actrice Trilby Drew qu'il va voir tous les soirs jouer dans sa pièce de théâtre, tout en rêvant de jouer le rôle du soldat nordiste qui l'embrasse à la fin. Remarquant l'effet qu'elle a sur Elmer, Trilby décide de se servir de lui en l'épousant afin de rendre jaloux Lionel, son ancien amant qui viens juste de la quitter pour une autre. Mais Elmer n'a pas vraiment dis son dernier mot et va tenter par tous les moyens de la séduire. Mais ses tentatives seront vaines, et elle finira par le quitter. Il essaiera donc de l'oublier, mais recroisera bien vite sa route de manière inopportunes, sur un bateau qui se fait aborder par des gangsters. Le concours des circonstances faisant qu'il soit le seul avec Trilby à bord du bateau lorsque les gangsters arrivent, Elmer va tout faire pour sauver celle qui s'est servit de lui mais qu'il n'arrive cependant pas à haïr. Devant tous les efforts et le courage de Elmer pour les sortir de ce pétrin, Trilby va finir par réellement tomber amoureuse de lui.
casting
Buster Keaton: Elmer
Dorothy Sebastian: Trilby Drew
Edward Earle: Lionel Benmore
critique:
Sortit en 1929, "Le Figurant" est le tout dernier film muet de Buster Keaton, et aussi l'un de ses derniers succès puisque celui qu'on surnommait "l'homme au visage de pierre" ne survivra pas à l'arrivée du cinéma parlant. Comme pratiquement toujours chez Buster Keaton, l'intérêt du film ne réside pas dans le scénario, finalement assez mince, mais réellement dans l'enchaînement semblant sans fin de gags qui ne laissent aucun répis aux spectateurs, et faisant apparaître de manière plus qu'évidente les gestuelles et une certaine forme de mise en scène qui a très fortement influencé et inspiré d'autres cinéastes comiques comme par exemple Charlie Chaplin. En effet, on remarque dans ce film, comme dans les métrages de Chaplin, un certain attrait pour le comique de répétition, comme par exemple ces scènes ou hésitant entre saluer du chapeau ou en serrant la main, Elmer répète de manière robotique plusieurs fois le même geste d'affilée, créant une forte confusion entre lui et son interlocuteur, et des éclats de rire parmi les spectateurs.
On remarque aussi très facilement dans ce film l'attrait de Buster Keaton pour les cascades, le personnage d'Elmer se retrouvant, comme la plupart des personnages de Buster Keaton dans ses courts ou longs métrages, dans des situations toutes plus improbables les unes que les autres, mais aussi toutes plus hilarantes les unes que les autres. Ainsi au courts du film, Elmer se retrouvera en haut du mat d'un bateau, suspendu au dessus de la mer, sautant d'une voiture en route, j'en passe et des meilleures, et tout cela sans que Buster Keaton n'ai fait appel une seule fois à un cascadeur, se démarquant donc fortement des autres acteurs de son temps ou d'aujourd'hui, qui pour la plupart faisaient ou font appel à des doublures pour un oui ou pour un non.
Comme je le disais en début d'article, le schéma narratif du "Figurant" est, comme toujours chez Keaton, extrêmement simpliste, s'apparentant finalement aux scénarios de la grande majorité de ses autres films. On retrouve donc ici tous les ingrédients scénaristiques des plus grands films de Keaton: un jeune homme plutôt chétif, des plus timides et maladroits (les deux allant toujours de paire chez Keaton) et amoureux d'une femme qui semble inaccessible car trop belle, ou d'un rang social trop élevé (ici les deux) mais qu'il va finir par séduire à force d'ingéniosité et à la suite d’événements pour le moins incongrus. Comme chaque fois, Buster Keaton joue donc sur son physique de gringalet qui va montrer au monde qu'il vaut autant sinon plus que tous les autres balourds qui l'entourent (figure qu'on retrouvera aussi chez Charlie Chaplin d'ailleurs). Qu'il monte de nouveaux gags sur ce thème, ou qu'il en réutilise des anciens déjà moult fois montrés et remontrés, cela fait toujours mouche et déride toujours avec la même efficacité les zygomatiques des spectateurs que nous sommes. Utilisant la ruse et sa jugeote, Elmer comme tous les autres personnages de Buster Keaton finira par arriver à ses fins et ravir la belle demoiselle tant convoitée, au nez et à la barbe de tous les autres prétendants, bien bâtis mais sans aucune sensibilité ni aucune imagination, morale certes quelque peu niaise et naïve, mais un thème pour le moins intemporel (l'être intérieur plus important que l'être extérieur) que peu d'autres cinéastes ont réussis à aborder avec un tel génie.
critique écrite par Tagazok
ma note: 18/20
La réplique du film:
"- Qu'est ce qu'une blessure pour un gars du Sud?"