Axel à Wonderworld
Cet opus 3 arrive 7 ans après l'opus 2 qui était encore excellent, car il exploitait 2 ans après le personnage d'Axel Foley dans de nouvelles turpitudes déchainées ; sans doute qu'Eddie avait un...
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le 4 févr. 2019
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Contrairement à ce qu’on pourrait croire, critiquer un navet cinématographique n’est pas si facile. Quand on s’engage dans cette voie, la chose la plus aisée est tout d’abord l’identification du navet. Généralement, les navets sont des films si nuls qu’ils sont parfois mal-aimés par leurs propres réalisateurs ou acteurs (Les Dents de la mer 4, Highlander 2, Batman and Robin, le film Chapeau melon et bottes de cuir, Meurs un autre jour, Terminator Dark Fate…). A quelques exceptions près, certains films comme Independence Day, Mission Impossible 2 ou les Transformers bénéficiant toujours d’une solide base de fans.
Ensuite, il y a la nécessité de ne pas tomber dans l’écueil de l’amalgame navet/nanar. Les deux sont liés par un même niveau qualitatif déplorable mais le nanar (involontaire ou assumé) est généralement plus apprécié parce qu’il est souvent prétexte à de beaux fous rires et se suit facilement d’un œil, l’autre rivé sur un bol de chips. Commando, Piège en haute mer, Chasse à l’homme, Street Fighter, Cobra, Rambo 3, Les Ailes de l’enfer, Killers Klowns from outer space ou encore l’incontournable Hitman le cobra sont des nanars. Impossible de ne pas sourire en les regardant tant ils sont amusants et, bien souvent, ridicules. Super Mario Bros, Robocop 3, Speed 2, Ghost Rider 1 et 2, Suicide Squad, Die Hard 5, Army of the Dead, Astérix et Obélix contre César, Les Visiteurs 2, 3 et 4, Les Bronzés 3, le remake du Dîner de cons, l’essentiel des productions de Luc Besson (les Taxi, les Transporteur, les Banlieue 13), la moitié de la filmographie de Nicolas Cage et les trois quarts des films de Roland Emmerich sont des navets car tout aussi nuls soient-ils, ils ne prêtent généralement pas du tout à sourire. D’autres films comme Independence Day Resurgence, Venom, Batman and Robin, Aliens vs Predator : Requiem ou encore Matrix Resurrections boxent hors catégorie, ils sont si mauvais qu’ils sortent de tous critères définissables.
Bref, l’identification du navet est primordiale pour définir ensuite le ton de votre critique. Par exemple, si on veut faire dans la critique facile et tirer joyeusement sur l’ambulance, prendre pour sujet un des nombreux navetons de Paul W.S. Anderson ou de Uwe Boll est un excellent moyen de se faire la main. Si vous versez plus dans la grande comédie française, un des (trop nombreux) films de Claude Zidi ou de Jean-Marie Poiré fera aisément l’affaire.
Après avoir critiqué quelques mauvaises péloches de ce genre, vous aurez acquis suffisamment de maturité pour vous mesurer à des navets moins évidents. Des purges plus difficilement critiquables en cela que leur indigence ne fait pas consensus (Independence Day, Batman Forever, une partie des films de Michael Bay, un bon paquet de Fast and Furious, les Camping de Fabien Onteniente…).
Et puis peu à peu l’exercice devient trop facile, voire franchement lassant.
Au point où vous en arrivez à vous désintéresser de tous les navets qui passent à votre portée. La télévision, Netflix, les plateformes ont beau en regorger et les diffuser régulièrement sous vos yeux, l’envie n’y est plus.
Il y en a trop. Ils envahissent les catalogues.
Vous savez qu’il s’agit d’étrons cinématographiques qui empuantissent votre écran plat, vous pouvez tenir une argumentation ferme et développée sur ce qui en fait de purs ratages, pourtant des inconnus persistent à vouloir les diffuser et les rediffuser et d’autres à accepter de les regarder et même de les défendre.
Tout devient absurde. La cinéphilie agonise. Le monde n’a plus aucun sens.
Kafka en aurait tiré un grand roman.
Bref, tout ça pour dire que l’exercice de la critique de navets est souvent un exercice éphémère, tout aussi subjectif et jouissif que nécessaire, mais hélas, inévitablement lassant.
Au point qu’un casseur de navets perdra toute envie d’en critiquer d’autres tant cela finira par lui paraitre vain et dérisoire.
Il faudra vraiment le visionnage par accident, un soir d’insomnie sévère, de la 18ème rediffusion (en un an) d’un film comme Le Flic de Beverly Hills 3, pour que, dans un majestueux élan de frustration et de ressentiment, le vieux critique se jette sur son stylo afin de jeter par écrit toute le mépris que lui inspire ce troisième opus (pourtant découvert très jeune et revu deux ou trois fois depuis sa sortie).
Il convient tout d’abord de préciser qu’Axel Foley est un des héros de mon enfance. Aux côtés d’Indy, de Han Solo, de Marty McFly, d’Eddie Valiant, de Snake Plissken, de John McClane, de Peter Veckman et du Batman de Keaton, il figure parmi les héros de films dont je n’ai cessé, gamin, de rembobiner les VHS. Je ne me suis jamais lassé du premier Flic de Beverly Hills de Martin Brest, de sa BO d’enfer (cette ouverture sur le Heat is on de Glenn Frey), du savoureux numéro d’Eddie Murphy, de son humour, de ses vannes et du duo de Laurel et Hardy Taggart-Rosewood. Même le second opus de Tony Scott, pourtant une simple resucée bourrée d’incohérences, trouve grâce à mes yeux.
Mais en ce qui concerne Le Flic de Beverly Hills 3… comment les responsables du film ont-ils pu croire que ce film était présentable en l’état ?
Ecrit par Steven E. de Souza, le second scénariste de Piège de cristal (aussi coupable du Street Fighter avec Van Damme), ce troisième opus des aventures de Foley aurait pourtant pu donner lieu à des retrouvailles sympa avec le flic tchatcheur de Detroit. Mais sa préproduction interminable (plusieurs concepts furent rejetés), la diminution de budget alloué par la Paramount et le départ du duo de producteurs Simpson/Bruckheimer annonçait déjà le fiasco. Sorti en 1994, au lendemain d’une vague de très bons blockbusters (Last Action Hero, Demolition Man, Madame Doubtfire et Jurassic Park), Le Flic de Beverly Hills 3 fut un tel échec critique et commercial qu’il enterra aussitôt la franchise.
C’est d’autant plus dommage que ce troisième opus marquait la troisième association d’Eddie Murphy et de John Landis après leurs cultissimes Un fauteuil pour deux et Un prince à New York.
D’ailleurs, Landis ne perd pas de temps pour « signer » le film à travers cette scène d’ouverture voyant deux mécanos rondouillards danser sur l’air de Come see about me des Supremes. Pas de doute, la chorégraphie et le côté saugrenu sont tels qu’on se trouve ici bien dans un film du réalisateur de Thriller et des Blues Brothers, cette simple scène suffisant à définir la tonalité à la fois légère et cruelle du film (les deux garagistes se faisant descendre juste après).
Ce qui est ennuyeux, c’est qu’on vient d’assister à LA meilleure scène du film.
Si, si ! Tout ce qui suit est tellement affligeant que cela semble avoir été écrit par un enfant de douze ans défoncé à la colle, délaissé par ses parents en plein séjour à Disneyworld. Les péripéties sont souvent incohérentes (les sbires du méchant se baladent gentiment dans le parc armés de mitraillettes semi-automatiques) et plus ennuyeuses que celles du plus mauvais film de Steven Seagal, l’humour est aussi triste que dans une comédie de Fabien Onteniente. La musique, elle, et le formidable thème de Faltermeyer, semblent avoir été remixés par un DJ malentendant, le méchant est aussi charismatique qu’une asperge périmée et John Landis pourrait faire pleurer John McTiernan tant ses scènes d’action manquent d’énergie.
Et puis bordel, où est Taggart ?
Le film dans son ensemble ne présente pas la moindre scène mémorable. Il suffit de revoir le principal morceau de bravoure du film, lorsque Foley se lance (sur une musique techno ringarde au possible) au secours de deux enfants prisonniers d’un manège partant en vrille, pour prendre la pleine mesure du désastre et manquer d’atteindre les toilettes pour vomir.
Rien ne viendra relever le niveau, pas même les caméos de plusieurs réalisateurs invités par Landis (le bougre pensait peut-être atténuer le désastre en misant sur la présence de beau monde). Ainsi George Lucas, Barbet Schroeder, Joe Dante et même Ray Harryhausen se bousculent pour répondre à l’invitation de leur collègue désespéré, ce dernier carburant certainement au prozac en se doutant qu’il s’agit là du crépuscule de sa carrière.
L’échec du film au box office fut donc parfaitement justifié. Fade, pas drôle, moche et mal filmé, Le Flic de Beverly Hills 3 faillit coûter sa carrière à sa star. Après un nouvel échec au box-office avec Un vampire à Brooklyn, Eddie Murphy renouera avec le succès grâce à son Professeur Foldingue, l’acteur se spécialisant dès lors dans le grimage quasi-systématique et son dédoublement à l’écran, ainsi que dans l’humour graveleux et scatologique. Shrek viendra le sortir un peu de la déchéance et la star mettra deux bonnes décennies (à un Perpète près…) à porter sur son seul nom un bon film (My name is Dolemite).
De son propre aveu, Le Flic de Beverly Hills 3 est sa plus grosse purge (et le gars en a fait une flopée…). Depuis, Eddie Murphy a essayé plusieurs fois de mettre sur les rails un quatrième opus pour, selon ses dires, faire oublier le désastre du troisième film. Annoncé par Netflix pour les trente ans pile poil après la sortie de ce troisième opus (ou les quarante ans du premier film si c’est pour l’année prochaine), Beverly Hills Cop 4 semble déjà promettre de retrouver une bonne partie du casting du premier film (John Ashton et Paul Reiser y seraient de retour mais pas Ronny Cox). Espérons juste qu’à soixante berges passées, Axel Foley sera tout aussi drôle et volubile qu’à ses débuts.
Enfin, espérons surtout qu’il ne sera plus jamais question de Wonderworld et de son affreuse ritournelle…
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Créée
le 27 juil. 2023
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