Attention, nanar à ne pas mettre devant tous les yeux. Même avec un pedigree relativement chargé dans le domaine et en connaissance de cause, on ne peut vraiment être prêt au visionnage du Führer en Folie. Un film qui correspond exactement à l'expression "Il faut le voir pour le croire".
Partant d'un concept bien débile, même pour l'époque (mais bon, pourquoi pas ? Ça se tente bien, une comédie uchronique), le film brouille tous les repères possibles et imaginables : où se déroule l'intrigue ? Quand ? Quelle est la limite du sur-jeu ? Pourquoi continue-t-on de s'infliger ce truc ?! Et non, ça n'est pas du David Lynch !
Disons le, le visionnage du Führer en Folie est une expérience purement hypnotique. Tous les différents éléments constitutifs d'un film sont au diapason pour proposer une oeuvre jusqu'au-boutiste.
Les acteurs hurlent, tremblent, gesticulent, roulent des yeux : la totale. Tout le monde surjoue, encore plus que leurs homologues du temps du cinéma muet.
Le script est une orgie de blagues issues de l'esprit d'un enfant malade, entièrement dénué d'un esprit critique. Le rythme est infernal, les 30 premières minutes sont ahurissantes, avant que l'on finisse par abandonner et par subir ce qu'il reste.
Le montage est aberrant, notamment composé d'accélérés Benny-Hillesques. Cerise sur le gâteau, on ne comprend jamais où et quand se déroule l'intrigue.
Malgré tout, c'est un film à voir (il faut bien se mouiller la nuque avant). Pourquoi ? Henri Tisot dans le rôle d'Hitler. On pourrait appeler ça une "Roue libre contrôlée" dans la mesure où il a l'air de n'avoir aucun contrôle sur son corps mais avec une constance absolue tout le long du récit. Chaque scène où il apparaît est au même niveau de cabotinage. Aussi dingue que ça puisse paraître, il a véritablement réussi à créer un Hitler de cinéma iconique, le Hitler de Chaplin mais puissance 1000.
Une telle performance d'acting et le reste du casting couplés à un script à ce point hystérique donnent naissance à une oeuvre hors-norme (littéralement), complètement dingue, et hypnotique.
Le moment ne sera surement pas agréable, mais un tel visionnage vous donne l'impression d'avoir touché du doigt ce qu'aucun homme n'était censé voir, tel des personnages lovecraftiens faisant face à Cthulhu. Oui, c'est exagéré, mais vous voyez l'idée.