Le gamin au vélo est à la fois un chef d'œuvre de subtilité, un magnifique hymne à la vie et une éblouissante dissertation sur la faiblesse et la grandeur de l'esprit humain. Les frères Dardenne au sommet de leur art nous proposent un nouveau paradigme cinématographique à travers un film qui dérange et bouleverse autant qu'il fascine. Les thèmes de l'abandon, de l'amour désintéressé et du pardon y sont abordés avec sensibilité et justesse. Cyril, jeune garçon placé en foyer, recherche obstinément à se rapprocher de son père qui le rejette sans ménagement. Son opiniâtreté n'a d'égal que la douceur et la compassion de Samantha, coiffeuse de son état, qui se prend d'affection pour l'enfant. A partir de cette trame psychologique, le spectateur sera tour à tour transporté par la fureur et la tendresse des personnages, et subjugué par la beauté et la simplicité de scènes où l'essence de l'humanité se révèle à lui. Le film atteint son paroxysme lorsque Cyril se coupe une tranche de cake dans la cuisine de Samantha. C'est alors que tout s'accélère. Cyril, touché par une pierre alors qu'il est grimpé dans un arbre, chute de plusieurs mètres. Le spectateur, qui attendait ulcéré depuis plus d'une heure que quelqu'un ait l'idée de mettre une paire de claques à ce marmot insupportable, se surprend alors à espérer que cette chute soit mortelle. Malheureusement sa chute est sans conséquence et le film peut s'achever de la façon la plus mièvre qui soit.