Il arrive parfois de ressortir déçu d'un bon film. C'est un peu mon cas après être sorti de la séance de The Boy and the Beast. Le film est empreint de toute la virtuosité qu'Hosoda a déjà démontré dans ses précédents films, mais propose une histoire plutôt classique, voire simpliste, et ne sort presque pas du chemin balisé de ce scénario un brin éculé.
En effet, la rencontre et la relation de Kyuta et Kumatetsu, si elle fonctionne sans trop de soucis, résonne de tous les clichés possibles et imaginables de ce genre de duo. Les enjeux narratifs du film sont très vite exposés, presque immédiatement prévisibles et si le dernier tiers du film tente de changer la donne, j'aurais presque préféré que le film reste sur un chemin balisé, quitte à donner un peu plus de vie à son univers.
Une des (très) nombreuses qualités d'Ame&Yuki était de prendre le temps de poser son petit univers campagnard. Ici, le monde dépeint est plus spectaculaire, c'est sûr, et j'aurais vraiment aimé que l'histoire s'attarde à nous le faire découvrir. C'est d'autant plus rageant que le travail de direction artistique, surtout sur les décors, est d'une beauté incroyable et d'une richesse assez fabuleuse. Autant de travail pour des décors magnifiques que l'on aperçoit sur parfois un seul plan, c'est dommage et vraiment regrettable. L'aspect aventure du film est vite relégué au second plan pour un schéma très shonen, pas désagréable mais jamais surprenant.
Alors oui, la réalisation d'Hosoda propose encore des plans inspirés, surtout dans ses cadres fixes. Si le recours à la 3D est parfois un peu lourd, le film est très dynamique, et l'animation est d'une richesse incroyable. Oui, il arrive dans cette histoire trop classique à trouver des moments simples d'émotion, comme il sait si bien le faire. Une émotion qui passe toujours par un sens de la retenue, presque à contresens du reste du film qui en ferait parfois "trop". Oui, Hosoda reste très fort pour tisser les liens entre les personnages. On s'attachera forcément aux deux héros. Oui, le film a quelques fulgurances géniales, comme le lapin Seigneur des Bêtes, et quelques détails de mise en scène.
Mais le film n'atteint jamais le génie de la Traversée du Temps ou Ame&Yuki. Faute à son histoire trop classique, à quelques errances de scénario pas vraiment nécessaires et à quelques fausses notes, il reste un régal visuel, un bon divertissement mais perd en rythme, en émotion et finit par laisser un petit goût de déception. Dommage, donc. Il ne reste qu'à espérer que le succès du film au Japon n'empêche pas Hosoda de revenir à ses histoires plus intimistes et originales. Refais moi vivre ce que j'ai ressenti devant Ame&Yuki, Mamoru, je vois que tu as encore tout pour le faire.