Ce film est une fable sensible sur la parentalité, pourvue de nombreuses nuances. Ren choisit qui va faire son éducation et, entre une famille antipathique et une bête irascible, il préfère celle qui lui permettra de devenir plus fort, au sens propre comme au sens figuré bien sûr. Ren va également donner sa confiance à Kaede, une jeune fille du monde des humains qui va lui apprendre la culture et l’apprentissage des sentiments. Cette jeune fille est, à l’inverse de Ren, couvée par des parents trop aimants. Elle cherche à se libérer de cette emprise qui lui pèse chaque jour un peu plus. Sévérité ou amour trop exigeant, il n’y a pas de différence tant que les aspirations sont étouffées et que la souffrance est poignante. Pour Hosoda, car on retrouve cette notion d’éducation « libre » et bienveillante dans Les enfants loups Ame et Yuki, la construction de chacun de nous passe par l’éducation des parents, biologiques ou adoptifs, mais aussi des « maîtres » qu’on se choisit tout au long de notre vie, et surtout par notre chemin personnel. Hosoda nous démontre également les ravages du mensonge sur des enfants qui grandissent avec « un vide » dans la poitrine. Les enfants à qui on a menti « pour leur bien » devront ici lutter contre des démons bien plus grands que ceux de la vérité nue.
Pour servir cette jolie fable oscillant sans cesse entre émotion et éclats de rire, Mamoru Hosoda nous livre une nouvelle fois un univers onirique au graphisme ultra soigné. Les personnages secondaires sont particulièrement bien travaillés, attachants et drôles. Vous tomberez tous amoureux de Chico, la petite souris blanche qui n’a pas de rôle déterminant dans l’histoire mais dont la bouille et les couinements sont absolument irrésistibles en toutes circonstances. On passera sur la crédibilité de sa…hem… longévité exceptionnelle. On s’en fout, c’est un monde magique, les souris de compagnie sont éternelles.