Le Garçon et la Bête est un très beau film : je ne vous surprends certainement pas en l'affirmant. S'il y a une chose à laquelle je m'attendais en regardant ce film, c'est à être ravie par son esthétique : le travail sur la lumière est particulièrement remarquable dès le début, et l'univers qui se crée au fur et à mesure est fascinant. C'est d'ailleurs presque dommage de ne pas en voir plus. On voit aussi une certaine diversité dans le dessin : l'usage de la 3D, déjà, est assez original, bien que je ne le trouve pas forcément pertinent, et outre le trait caractéristique, on trouve une certaine beauté à l'aspect crayonné du "vide" de Kyuta, qui contraste avec les jeux de lumières des flammes ou de la baleine.
En parlant de baleine, c'est un des gros points forts du film : la référence explicite à Moby Dick qui nous donne une nouvelle grille interprétative, celle du miroir notamment. Le double nom Ren/Kyuta devient alors particulièrement pertinent. La baleine, fait une apparition spectaculaire, et explicite la référence dans le combat final. L'incursion du livre dans le film est un très bon point, de même que l'insistance sur le rôle du livre.
En effet, ce qui est particulièrement appréciable c'est que le film fonctionne comme une fable : le merveilleux trouve son épanouissement dans ce qu'il fait partie de la leçon de vie que nous propose le film. Outre les qualités de Ren/Kyuta et Kumatetsu qui nous montre la possibilité du succès d'êtres marginaux dans la société, permise par la persévérance, l'entraînement et le savoir, en témoigne l'importance du livre notamment, Le Garçon et la Bête nous propose de croire au pouvoir des relations entre les individus et à leur fécondité. Le dévouement de l'un à l'autre et réciproquement prend sens non seulement entre les deux protagonistes, mais dans toutes les relations que présentent le film.
Je recommande donc ce film parce qu'il ne se contente pas d'être très beau et très bon, mais qu'il lie la beauté formelle et beauté du propos.