Que l'indigné Kaurismaki retourne chialer et psychoter dans son pays

Le finlandais Kaurismaki a choisi la France pour laboratoire de son énième conte de vieux humanitariste bourré de ressentiment. Il s'inspire du cinéma romantique des années 1930 (type Carné/Duvivier), garde ses couleurs saturées et sa direction d'acteur originale, tendant parfois à robotiser les êtres mais avec courtoisie ou poésie. La production date de 2011 soit deux ans après le début des rafales vers Calais (et de 'la jungle') : les réactions des autorités et le manque d'engagement des locaux sont ici emblématiques de la peste renaissante en Europe – hourra cependant, l'optimisme est permis et les braves sont en vie !


Le Havre est une fantaisie ridicule pour gens envoûtés par une philosophie de ravis de la crèche post-religion, dévoués à une ligne politique de pleurnichards. C'est une illustration éclatante du consensus français des capitales et de la presse subventionnée, mais sous une forme pittoresque et radicalisée. Flonflons au garde-à-vous, encadré par ce répugnant trip nostalgique/retro mais non reac. Tout le catholicisme n'est pas jeté puisque le héros évoque le « sermon de la Montagne » ; il arrive à ces gens d'aimer le Christ parce qu'il était altruiste (même Godard en a déduit que ça faisait communiste). Le nom du protagoniste, Monsieur Marx, surligne d'emblée la légèreté à la truelle du programme. André Wilms a le même jeu que pour La vie est un long fleuve tranquille, où c'était cohérent, contrairement à maintenant.


Tout est faux à fond – mais ça, c'est le côté 'planant' et gentil de la chose, on embellit par charité et folie douce, voyez-vous ! Ni être ni personnage adapté à ses conditions pour circuler là-dedans. Le tandem principal est formé par un marginal bidon, un clandestin on ne peut plus propret. Aucune urgence, aucune violence, aucune menace, rien. Dans la rue, des témoins généreux des cultures du monde, au plus cru, un peu de tiers-mondisme à la cool. Puis quelquefois, les fachos ! Les flics ! Tous ces méchants, vieux mâles fanés avec des trench coat crypto-Gestapo (des figurants moisis du Conformiste), ou bourgeois et capitalistes sans pitié ; heureusement, il y a bien ces gentils ouvriers reconstitués, parfois même des petits vendeurs de légumes et tenanciers de cafés aptes à se ranger du bon côté. Les crétins auront droit à un morceau de concert de rock bouffi et gentil mais rigolo (avec au micro Little Bob, une sorte de Mocky sobre).


L'idée derrière la mise en scène, c'est d'aller contre la réalité pour redonner de la dignité aux misérables et rêvasser, pour se délasser et entretenir son civisme. En principe, Kaurimaski et sa bande doivent respecter la misère et l'intégrer à des fantasmes ; mais c'est une fausse misère pour de lâches donneurs de leçons et indignés par composition. L'immigré clandestin parle un français parfait, est toujours calme et statique – en fait, évanescent et soumis. L'hypocrisie est à son paroxysme, car non seulement la cause est facile, le sujet aimable, mais en plus il sert à assouvir de pathétiques passions en les drapant de moralité. Le Havre devrait être une honteuse farce pédante d'un point de vue militant pro-migrants ; ignoble pour les opposants ; accablant en général, ne serait-ce qu'avec ses séquences funambules et ses affinités de banlieusard ringard ou de loubard (institutionnel) au grand cœur.


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le 30 mars 2017

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Zogarok

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