Rien que le postulat de départ de la pièce de Dominique Thiel et de Ladislas Cholat est marquant et engendre une mécanique intéressante. En effet, Barnabé Leroux provoque l’inquiétude de son fils Benoît et de son analyste quand il pète les plombs après un supposé vol de yaourt au kiwi dans son frigo. Dans un premier temps, le spectateur épouse le point de vue préoccupé des proches de cet homme mûr et puis on se rend compte de la réalité alternative, de tout ce qu’a vraiment découvert Barnabé depuis ses confrontations quotidiennes avec son fils unique et son psy. Les auteurs s’amusent à déconstruire le réel des situations et à voir ce qu’en font les personnages de la pièce. Pour le spectateur, c’est génial de voir cette évolution d’autant plus que de bonnes idées de mise en scène sont là ( comme avec le divan de la psy qui se ballade sur la scène comme pour suggérer qu’entre le patient et son soignant, il n’y a qu’une infime frontière de rôles et que leurs humanités peuvent vite les rattraper et prendre le dessus). Le jour du kiwi, c’est aussi des moments où les protagonistes se partagent entre coup d’éclats ,fragilités et émotions. C’est l’habile dosage de la pièce relayé formidablement par les interprètes,où Arthur et Gérard Jugnot jouent « idéalement »cette relation père-fils,tandis que Laëtitia Colombani s’ingénie à incarner cette psy forte en apparence mais profondément à la limite du burn-out. Il y a également l’effet de surprise de la pièce dont je vous laisse découvrir l’importance dans les changements de posture chez les Leroux père et fils.En définitive,voici au final deux portraits d’hommes attachants qui redécouvrent le goût de la vie, ainsi qu’une envie renouvelée de la croquer. Pour sûr, une pièce qui fait du bien, fait rire et s’émouvoir et prouve qu’un canevas simple mais habité peut faire la différence.A conseiller pour s’évader complètement du contexte anxiogène du Covid.