Le Jugement des flèches par Cinemaniaque
Samuel Fuller ne fait rien comme les autres : un western à réaliser ? On parlera d'un Sudiste chez les Indiens ! Ah ça, on est loin de Danse avec les loups ! Ce qui fascine Fuller dans Run of the arrow, ce n'est pas tant la peinture d'un Ouest encore sauvage qu'une réflexion sur la nature de l'Homme, et plus particulièrement celui issu de la guerre. Qu'il s'agisse du héros Confédéré qui refuse la défaite, des Nordistes vainqueurs et dominateus (ce qui n'est pas sans rappeler le soldat américain conquérant de Verboten ! et son discours face aux Allemands après la Libération) ou les Indiens qui se méfient des traités de paix signés avec les Blancs, aucun homme n'est excusable chez Fuller. On retrouve bien là le spectre de la guerre, qui parcourt l'oeuvre de Fuller, ainsi que son obsession à revisiter l'Amérique et son histoire pour en dépeindre les côtés les plus obscurs. Fuller ne s'encombre pas d'une narration futile, ce qui provoque des coupes franches et parfois déstabilisantes dans le déroulement du récit, mais renforce davantage les paradoxes de ses personnages en soulignant les dialogues importants. Surtout, Fuller juge mais ne condamne pas les propos et actions des marginaux qu'il évoque, et ne prend parti pour personne (le film n'est ni pro-blancs ni pro-indiens). C'est un constat sur la nature humaine, rien de plus, mais un constat cinglant et sans concession, comme savait si bien le faire le cinéaste. Un western qui sait dépasser les frontières du genre, un cran en-dessous de Forty Guns mais pas négligeable pour autant.