How I Met Your Grand Mother

Le fait que dans (500) jours ensembles, le héros ai sa vie sentimentale complètement pété parce qu'il n'a pas compris la fin du Lauréat, m'a donné envie de faire découvrir ce film à ma copine. Bon, elle a plutôt détesté tandis que moi je me suis surpris à me dire "mais il est plus bon que dans mes souvenirs ce film."

J'en avais le souvenir d'un film plutôt dramatique où Dustin Hoffman se fait mettre le grappin dessus par sa future belle-mère et par son final héroïque puis doux-amer parodié par Wayne's World 2. Mais j'avais oublié à quel point ce film est drôle, notamment sur sa première partie où Benjamin passe son temps à dire non à Mrs Robinson et où il tente complètement de l'éviter ainsi que par toute la partie à l'hôtel où il passe son temps à croire que les gens le suspectent. On est pas loin de la cringe comédie par moment.

A vrai dire, c'est vraiment cette première partie qui est marquante : avec son héros apathique qui se laisse vivre durant un été chez papa et maman, qui comprend à moitié ce qui lui arrive et semble presque autiste (après le fait qu'il soit joué par Dustin Hoffman doit jouer sur mon impression.) Avec Mrs Robinson, cette proto-desperate Housewive qui tente de s'échapper d'un mariage malheureux en couchant avec Ben. J'ai oublié à quel point c'était un personnage en avance sur son temps qui semble être là uniquement pour le sexe.

Et j'avais oublié à quel point c'était bien filmé. C'est un film de petit malin qui enchaine de nombreux plans très astucieux : entre les cut rapide sur la poitrine de Mrs Robinson, les plans iconiques (la jambe qui remet son bas, Ben qui tape à la vitre, le dernier plan du bus) les money-shot (la vue aérienne de Benjamin en voiture qui franchit le pont de San Francisco à du être tellement dur à tourner... d'autant plus que géographiquement il devrait pas le prendre et encore moins dans ce sens) ou les plans ingénieux qui font passer des messages de façon très simple (le plan où Elaine comprend ce qu'il se passe et l'on voit en arrière plan sa mère qui arrive dans l'entrebaillement de la porte par exemple.) C'est un film fondamental pour le nouvel Hollywood et ça se voit.

Après, dans la deuxième partie, le film devient bien moins une comédie et surtout Benjamin devient un peu plus acteur de son destin et on s'aperçoit d'à quel point en fait... bah, c'est plutôt un énorme forceur. Il stalke Elaine et la colle comme c'est pas permis, et le film est assez ambigu là dessus, c'est à la fois vu comme une source de nuisance (il ne lui laisse aucun espace vital) mais Elaine revient plusieurs fois vers lui. Le fait que la fin soit elle aussi à interprétation laisse un goût amer dans la bouche et c'est ce que ma copine a pas aimé.

C'est ptet aussi lié à la mentalité des années 60 : il faut se marier tout de suite et stalker quelqu'un prouve qu'on est amoureux. (Après tout, lorsque Mr Robinson vient chez Ben c'est pour lui reprocher son manque de respect en couchant avec sa femme, pas pour reprocher d'avoir... bah, couché avec sa femme.) Ça rappelle ce qu'on disait sur Blow-Up : les actions du personnage pouvaient paraitre quelconque en 1960, 50 ans plus tard, elles apparaissent comme malaisante. Apparemment le critique Roger Ebert avait le même avis que moi et je pense que c'était une volonté plus ou moins cachée de Mike Nicholls.

Après le film en a gardé le charme des années 60, avec sa bande son de Simon & Garfunkel (à ce niveau la B.O. c'est limite un best-of de leur carrière) sa description des banlieues américaines, ses coupes de cheveux et je ne peux pas sincérement le détester.