Plantés dans le désert
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Dans le désert, il y a du sable, énormément de cailloux, peu de pluie, quelques femmes et quelques hommes et surtout beaucoup d’ennui au sens désoeuvrement du terme. Dans Le miracle du saint inconnu, on s’ennuie beaucoup. Enfin, je m’entends ; les hommes du lieu tuent leur ennui en allant chez le barbier-arracheur de dents et les femmes, qui souffrent de maladies aussi diverses qu’intermittentes, vont en consultation chez le docteur du dispensaire. Le spectateur, quant à lui, ne s’ennuie pas à voir tout ce monde s’ennuyer. Il n’a donc pas besoin de tuer le temps et il peut se laisser emporter paisiblement à rêver.
Amine est un voleur, qui comme tout voleur qui se respecte, vole. Il s’est enfui dans le désert et, avant de se faire mettre la main au collet par la maréchaussée locale, il décide de d’enterrer son butin au sommet d’une colline caillouteuse au pied d’un arbrisseau qui pousse comme il peut. Il camoufle le trou en tombe avec son monticule de sable entouré de pierres. Le décor est planté et Amine peut tranquillement aller purger sa peine dans une prison locale.
A sa libération, il retourne sur les lieux et découvre qu’un mausolée a été érigé autour de la fausse tombe qui est devenue par le miracle de la croyance populaire la sépulture attribuée à un saint homme, inconnu de tous de son vivant, ce qui a certainement contribué à sa sanctification. Il n’en fallut pas plus pour qu’un village se construise à deux pas de là, accélérant une transhumance rurale pour être plus près du saint à vénérer. La récupération du butin ne va pas s’en trouver facilitée et Amine s’installe à l’hôtellerie rustique du lieu pour se donner le temps d’élaborer un plan.
La caméra de Alaa Eddine Aljem est amicale et tendre pour traiter non pas de la religion mais de la croyance dont les hommes sont capables pour essayer de résoudre un problème quand aucune autre solution ne s'offre à eux. Le miracle du saint inconnu tient de la fable en effleurant très naturellement l’absurde que la vie offre parfois, le film se passe presque de mots comme si le scénario et le jeu des personnages les contenaient tous. En sortant de la séance, j’ai senti un doux zéphir sur mon visage et j’ai souri un bon moment. J’en conclus que hier était une belle journée.
Créée
le 10 janv. 2020
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