Le Moine et le Fusil de Tchekhov

« Supprimez tout ce qui n'est pas pertinent dans l'histoire. Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. » - Tchekhov

Tout le film tourne autour de la recherche et de la possession de ce fusil. Un objet rare semble-t-il pour les Bhoutanais car inutile dans ce pays. Pourquoi le cherche-t-on alors ? Et encore plus étrange, pourquoi est-ce un moine bouddhiste et un collectionneur d’armes Américain qui le cherche ?

Nous sommes cet étranger, qui ne comprend pas les codes et usages du Bhoutan. Nous ressentons de la honte face à nos pensées capitalistes, inconcevables pour les personnages de ce film.

Au fur et à mesure, le réalisateur nous montre le décalage entre notre civilisation consumériste et ce monde rural dans lequel l'Occident tente d'imposer ses valeurs. Et nous pleurons de rire devant cet absurde décalage, face à notre propre folie, en en venant presque à oublier le fusil.

Mais ce fusil n'est pas là par hasard. Il est le symbole de notre intrusion, de notre incompréhension et de nos attentes. Le film nous invite à réfléchir sur notre propre condition, à questionner notre perception du bonheur et de la réussite. Dans ce monde où l'essentiel est invisible aux yeux, le fusil devient une métaphore puissante de nos propres contradictions.

Alors qu’est-ce que ce fusil a à faire là ?