Le monde nous appartient par ThylSadow
"On est la somme des gens que l'on rencontre", dit le personnage joué par Reda Kateb, second couteau du cinéma français et responsable des meilleures scènes de "Le monde nous appartient", à Pouga, jeune délinquant interprété par Vincent Rottiers. Et on serait tenté de dire que le film de Stephan Streker est la somme de tous les films qu'il a aimé tant se retrouve ici l'héritage d'un cinéma américain dont les influences ne sont pas toujours transcendées. En entremêlant deux intrigues parallèles qui ne font que se croiser pendant une heure et demie, "Le monde nous appartient" ne semble jamais trouver son équilibre propre, se perd dans une multitude de personnages secondaires tous issus d'une réalité différente, d'un monde différent, et qui semblent incapables de se rencontrer sinon dans une scène musicale, hommage au film "Magnolia", aussi artificielle qu'incongrue.
Stephan Streker possède pourtant un réel sens du style et un don pour la direction d'acteurs, mais le film reste souvent au stade de l'expérimentation, naviguant entre un réalisme manquant de justesse et un onirisme qui permet de belles envolées esthétiques mais qui peine à faire sens. "Le monde nous appartient" est un film hybride, conviant de multiples univers mais sans parvenir à les lier, comme si Streker devait d'abord exorciser sa cinéphilie. Une étape sans doute nécessaire avant qu'il puisse trouver sa propre voix, avant de trouver dans quelle rupture de ton il se sent le plus à l'aise.