Un drôle de spécimen que ce Monde Perdu, souffrant d’un manque de moyens, certes, mais aussi et surtout d’un gros manque d’imagination et d’une certaine fainéantise. Le film en devient d’ailleurs très amusant par ses balourdises.
On suit les pérégrinations d’une équipe scientifique à travers ce monde sauvage et inhospitalier dont on ressent que les décors ont été conçus avec les moyens du bord. Ils sont bien imparfaits, mais je trouve que cela confère à l’œuvre un charme vieillot qui me plaît beaucoup. De plus, les couleurs parfois criardes des décors s’accordent bien avec le ton du film et les habits… intéressants des membres de l’expédition, Jill St. John en tête qui ne quittera jamais sa tenue rose (et oui, même lors d’une aventure périlleuse, une dame se doit de rester élégante).
Ils finissent bien vite par rencontrer des «dinosaures», et là je dois dire que j’ai bien rigolé. Pourquoi se casser la tête à reproduire de manière crédible ces créatures alors qu’il suffit de prendre un iguane, un bébé crocodile, les affubler de cornes et faire passer le tout pour des dinosaures ? J’aurais été plus indulgent avec un film du début du siècle, mais là on est en 1960 tout de même, et à la fois le premier Monde Perdu de 1925 et King Kong de 1933 sont tout deux bien mieux réalisés et plus impressionnants. Le seul avantage de cette technique, c’est que les «animations» des dinosaures sont, évidemment, plus fluides car réellement exécutées par les bestioles travesties. Mais à part ça, cela ne peut qu’entraîner le rire, notamment lorsque les personnages s’exclament face à un tyrannosaure n’étant qu’un pauvre lézard qui aimerait bien qu’on le laisse tranquille.
Le film ne se rattrape pas non plus par son écriture, bourrée de tous les stéréotypes propres aux films d’aventure. Bien sûr, la fine équipe finira par tomber sur une bande de sauvages et, parmi eux, une magnifique femme courtement vêtue et au tempérament à la fois farouche et accommodant. C’est un trait commun à tous les nanars d’aventure de ces années-là, et je me demande vraiment ce qu’ils avaient avec ça. Probablement un fantasme…
Enfin voilà, Le Monde Perdu est un mauvais film mais qui est très sympathique à regarder grâce à ses effets ratés et ses nombreuses maladresses. Si, comme moi, vous êtes amateur de nanars, alors ce film est fait pour vous, mais n’espérez pas y trouver autre chose.