Le Monde sur le fil par Clément Latzarus
Adapté du livre de l'auteur américain Daniel Francis Galouye, Simulacron 3 (récemment réédité chez Folio SF), Le Monde sur le fil est un téléfilm allemand de 1973 long de trois heures, et surtout un étonnant précurseur de la thématique de la réalité virtuelle. Vingt-cinq ans avant Matrix, dix ans avant Neuromancien ou Vidéodrome, Fassbinder met en scène ce qui est sans doute l'un des premiers cyberespace du cinéma.
Bon, soyons honnête, le futur proche dépeint par Fassbinder ressemble beaucoup à la Bundesrepublik des années 70, tout cela fleure bon le tweed et le formica, et la direction artistique est la même que celle de Derrick. La plupart des gens s'ennuieront devant ces deux téléfilms d'une heure et demi chacun pendant lesquelles on n'aura droit qu'à une seule explosion, aucune poursuite en voiture ni aucun effet spécial et dans laquelle la cascade la plus spectaculaire se résume à l'esquive d'un arbre qui tombe à côté du héros.
Mais pour qui s'intéresse un tant soit peu à l'histoire du genre, Le Monde sur le fil est un sujet d'étude passionnant. On y trouve déjà un univers virtuel simulé par un ordinateur dans lequel vivent des intelligences artificielles persuadés d'être vivants, des cabines téléphoniques pour portes de sortie et univers parallèles emboîtés les uns dans les autres comme des poupées russes.
L'amateur du genre verra sans aucun doute venir de très loin les quelques rebondissements du film recyclés des centaines de fois depuis, mais peu importe. L'intérêt du film ne se situe pas dans l'intrigue, rendue poussiéreuse et poussive par les années, mais dans le traitement cinématographique du sujet. Ici, les plans, les cadrages, les jeux sur les miroirs en disent beaucoup plus long que les dialogues bavards et des acteurs qui sur ou sous-jouent (volontairement).
Une curiosité !