Les promeneurs

Tout au long du film, nous allons suivre plusieurs personnages sur la route qui les mène à Edo (ancien nom de Tokyo). Il y a un samouraï, Sakawa, avec ses deux serviteurs. Il y a un jeune garçon, Jiro. Une chanteuse des rues avec sa fille, et un homme étrange, Tozaburo, qui voyage avec une forte somme d'argent. Et quelques autres. Et, de surcroît, on nous annonce qu'un célèbre voleur de grands chemins rôde dans les environs.
Un film choral donc. Un film social aussi, en tout cas plus proche de la chronique sociale que du film de sabre. Le titre, l'affiche ou la jaquette du dvd sont trompeurs. De l'action, on n'en trouve qu'à la fin, une seule scène.
Pendant le film, nous suivons ces personnages. Et cela permet de donner une vision du Japon du XIXème siècle. Et de faire une critique sociale, au passage.
Critique contre une société hyper-hiérarchisée, où la classe dominante est sclérosée par des rituels ancestraux qui paralysent tout le monde (voir la scène de la cérémonie du thé, où la route est bouchée à cause de deux seigneurs). Critique contre cette sorte d'aristocratie japonaise désuète, coupée du peuple dont elle est le fardeau. Et les samouraï ne sont pas épargnés, des samouraï inutiles, qui perdent leur temps en buvant trop ou en provoquant de stupides bagarres.

Film sans action ou presque, donc. Mais la grande force du film, c'est qu'il n'est pas ennuyeux. Le rythme lent passe très bien, les différents personnages sont intéressants et bien campés, et surtout le réalisateur sait bien diriger tout cela. Les cadrages sont très bons et l'unique scène d'action est très bien filmée.
Et même si le film n'est pas transcendant, il constitue une œuvre intéressante.