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Au cri du coq, c'est tous les jours un nouveau jour qui s'annonce ! La chèvre se repaît de son herbe tranquille.

Il nous manque toujours quelque chose. Tel est le principe du bonheur. S'il était à supposer qu'un être ne manque de rien alors il n'est pas heureux et se mettra ainsi en quête de ce qui pourrait le rendre heureux. La condition du désir a ce caractère insatiable qui fait bien des enjeux et nous en observons tous les jours les effets en nous-mêmes comme chez les autres.
Ici, une femme, du nom de Keet, a un désir bien précis, tout à fait avouable mais elle doit le préserver encore un peu pour arriver à ses fins. Mais disons-le maintenant : il lui manque de materner. Pour l'instant, elle materne son mari qui peine à trouver ce qu'il désire tant elle l'influence.
Là, Brand, un fermier, à qui il manque de savoir lire.
Keet embauche une belle institutrice qui fera de Brand un mari plus instruit et autonome devant la télévision. (La télévision jouera un rôle chef dans tout le film d'ailleurs, comme étant le fruit de choix mais aussi objet d'incommunication.)
Cette institutrice a aussi un désir : il lui manque d'aimer et d'être aimée.
Le problème ? Le désir n'est pas toujours ce que nous voulons qu'il soit et n'est ni ce qu'il paraît quand la cause du désir se trouve être la cause d'un autre. (Le premier que je surprends à papoter pendant que j'écris, c'est rapport, carnet de correspondances et direct chez le proviseur adjoint, compris ?)

Bien. Continuons. Les protagonistes sont à leur place. Les enjeux sont ficelés. Voyons comment ce microcosme évolue.

La femme qui poussa son homme à apprendre à lire se retrouve dans une rivalité naturelle avec la belle institutrice. Mais une rivalité choisie et intéressée. C'est sa mise en scène. Parce qu'au bout de cette mise en scène, il y a la satisfaction de son désir.
L'instigatrice du film, c'est elle car son désir domine. Elle stratégise. Elle manigance. Tous les moyens sont bons, même après avoir été avoué, pour que le désir prenne forme. Pour obtenir, quitte à l'avoir par procuration ou par appropriation, l'objet du désir.
Elle poussera son mari à un adultère consenti et au ménage à trois.
L'ennui avec le désir, c'est la disposition de l'autre à être désiré. Il faut un récepteur nécessairement et un soupçon de choix.

Cela pourrait passer pour un vaudeville de petit théâtre - je n'étais jamais loin de le penser - mais ce serait méconnaître Warmerdam pour qui les contes sont une manière de titiller la malice et l'abomination, d'offrir des éléments à la fois légers et dramatiques. Le tout se déroule avec une prévisibilité extraordinaire. Ainsi, il ne sera pas étonnant de savoir à l'avance bien des faits qui se produiront quand même, à commencer par la venue du petit Tony. En choisissant ce titre, Warmerdam désamorce nos attentes, nos désirs de spectateur et, pourtant, nous surprend dans ce simulacre pervers. Le simulacre n'est-il pas par essence l'une des propriétés du conte ? Et comme tous les contes, c'est parfois amoral, horrible mais banal. Cela pourrait passer pour un vaudeville mais c'est aussi un fait divers, à la fois mélancolique et glauque.

Et comme tout conte, il y a une morale... que je ne saurai dévoiler. Chacun arrive à la conclusion de son désir et de son choix, en se disant toutefois que c'est le propre du désir que d'être possédé par les autres. Il ne faut pas s'étonner ainsi que la volonté n'y est pour rien dans sa finalité. Il ne faut pas s'étonner non plus de ne pas se retrouver finalement avec l'objet du désir convoité.
Mais il y a cette chèvre depuis le début... Eh bien ! Sachez juste que cette chèvre a tout, ne manque de rien et se fout du bonheur.
Andy-Capet
6
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le 6 déc. 2012

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Andy Capet

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