Un Nicolas Cage qui sort des navets habituels
Si Nicolas Cage est un acteur connu de tous dans le milieu hollywoodien, c’est notamment grâce à ses grands succès des années 90, qui l’on conduit tout droit vers le cinéma d’action (Volte/Face et Les Ailes de l’Enfer en tête). Et puis, les années se sont accumulées, et le comédien a commencé à enchaîner les films de secondes zones, voire les navets dont il vaut mieux éviter croiser la route, perdant au passage toute sa notoriété. Désormais, Cage porte cette réputation d’acteur qui accepte tout et n’importe quoi juste histoire de rentrer à la maison avec un cachet en poche. Un fait malheureusement véridique, mais pas tout le temps avéré. Il suffit de voir Le Pacte, film qui montre que Cage sait encore faire les bons choix question projets.
Le Pacte est, avant tout chose, un thriller de divertissement, son but étant d’attirer notre attention avec le scénario tortueux qu’il propose. Il fallait donc que le film propose une trame qui tienne la route. Et c’est chose faite ! Hormis un final qui sombre dans le grand guignolesque fait à la va-vite, le long-métrage nous tiens en haleine de bout en bout. Comment ? En prenant le temps de bien raconter son histoire parsemée de rebondissements bien fichus et de personnages auxquels on s’attache (même si, scénaristiquement parlant, ce n’est pas non plus le nirvana) notamment grâce à la prestation des comédiens (cela faisait longtemps que Cage ne s’était plus montré aussi « potable » dans un film). Tout en gardant un rythme soutenu qui ne perd jamais le spectateur en cours de route. Intrigant et palpitant : que demander de plus ?
D’autant plus que Le Pacte ne se contente pas d’un scénario sans messages cachés. Comme de mettre sur le devant de la scène la notion de « se faire justice ». Un sujet plutôt tabou et toujours traité de la même manière dans les films : le héros perd quelqu’un, il se venge, point ! Là, c’est totalement différent. D’une, ce n’est pas le héros qui se fait justice. On le fait à sa place, ce quelq’un profitant d’un de ses moments de faiblesse (savoir sa femme à l’hôpital, sous le choc de l’agression). Et puis, cela va amener notre protagoniste à renier son geste et ce qu’on lui demande en retour alors qu’il s’agit d’un geste pour la société (de ce qui est dit, en tout cas). Une façon de critiquer le concept de « se faire justice » donc, même si cela ne peut se voir qu’au second plan (l’enquête principale prenant le pas sur tout le reste). Mais Le Pacte propose également un message critique envers l’après Katrina. Le film se passant à la Nouvelle-Orléans bien des années après le passage de l’ouragan, insiste bien sur le fait que la ville n’a pas été prise en charge par la suite, se laissant pourrir et obligeant les habitants à se débrouiller. Cette thématique est ici raccordée à celle de la justice personnelle : la ville est pourrie par la criminalité car cette dernière n’est pas prise en charge comme il se doit, et les habitants la combattent par leurs propres moyens, en se faisant justice eux-mêmes. Voyez, Le Pacte ne paye peut-être pas de mine, il en a quand même sous le capot !
Malheureusement, malgré son côté divertissant et une certaine qualité d’écriture, Le Pacte ne peut se détacher de son statut de série B, et ce à cause de certains défauts sur lesquels il est difficile de faire l’impasse. En exemple rapide, le dénouement (ne revenons pas là-dessus). Mais aussi la mise en scène de Roger Donaldson. Si la photographie de David Tattersall permet d’offrir une ambiance prenante, le film est d’une platitude exaspérante, où il est rare de ressentir une quelconque émotion. Il faut dire aussi que la musique et le montage n’aident pas vraiment. La première en fait des caisses. Le second se révèle être haché quand les scènes lorgnent plus vers l’action, donnant l’impression qu’une multitude de séquences faisant à peine 2 secondes ont été mises bout à bout. Comme si l’action partait dans tous les sens. Et pourtant, nous sommes encore bien loin de l’hystérie d’un Michael Bay !
Des défauts d’envergure qui empêchent Le Pacte de dépasser son statut de divertissement de seconde zone fait à la va-vite, alors qu’il aurait très bien pu s’en sortir avec plus de mérite avec un autre réalisateur. Néanmoins, Le Pacte prouve que Nicolas Cage peut encore faire de bons choix concernant sa carrière. Encore faut-il qu’il s’intéresse plus à celle-ci plutôt qu’à son compte en banque. En faisant cela, il pourrait se retrouver dans des films de grande qualité, et Le Pacte deviendrait le long-métrage le plus critiqué de sa filmographie. Mais à l’heure actuelle, Le Pacte se révèle être l’un de ses films les plus sympas et regardables de ces dernières années.