Love Love

Un soir un inconnu agresse et viole Mélie (Marlène Jobert). Elle le tue et transporte son corps dans un break puis s'en débarrasse dans une crique. Mais le lendemain , un homme mystérieux nommé Harry Dobs (Charles Bronson) s'introduit lui aussi chez Mellie et semble tout savoir de cette affaire...
Après l'énorme succès de "Paris brûle-t-il", René Clément retourne au polar après "Plein soleil" et "Les félins". Le scénario est écrit par le romancier Sébastien Japrisot et on retrouve d'ailleurs certains de ses thèmes comme les traumatismes familiaux que l'on verra dans "L'été meurtrier". Et puis évidemment il mêle drame et histoire policière.
René Clément s'accapare avec son talent habituel du scénario.
Je ne sais pas qui a eu l'idée d'appeler l'inconnu McGuffin mais ce nom est une référence évidente à Hitchcock qui utilisait cette expression pour désigner un ressort dramatique anodin mais qui pourtant motive toute l'action du film. Déjà "Le félin" et "Plein soleil" avaient un côté hitchcockien...
La scène de l'agression, du viol que suivra le meurtre de cet inconnu est un véritable morceau de bravoure où René Clément montre tout son savoir-faire. Et il a le bon goût de ne pas aller dans le voyeurisme où la violence gratuite (d'ailleurs bien que violée on ne voit jamais Marlène Jobert nue).
Mais ce que j'ai le plus apprécié est qu'il ne tombe jamais dans le mélodrame. Au contraire on y trouve de l'humour peut être grâce au jeu du duo Charles Bronson/Marlène Jobert.
Marlène Jobert trouve un de ses rôles les plus marquants: à la fois forte et fragile. Le spectateur ne peut que tomber sous son charme. Quant à Charles Bronson, il est carrément génial et montre qu'il est un acteur bien plus subtil qu'on ne le dit d'autant qu'il parle en français avec un accent qui le rend irrésistible et attachant. Et puis quelle présence incroyable....
Dans les rôle secondaires, Annie Cordy étonne en mère quelque peu froide d'autant qu' elle était une personne très chaleureuse dans la vie de tous les jours. Comme souvent dans un film avec Bronson, on retrouve Jill Ireland son épouse qui joue avec talent une des meilleures amies de Mélie. A noter la présence de Jean Piat, immense acteur de théâtre dans un excellent second rôle de méchant.
La musique de Francis Lai se fait discrète mais remarquable dans les moments importants.
"Le passager de la pluie" est étonnamment tombé un peu dans l'oubli alors qu'il fut un énorme succès (un peu plus de 4 millions 700 000 entrés !) confortant la position de René Clément comme cinéaste apprécié du grand public mais aussi celle de Bronson qui après "Il était une fois dans l'Ouest" devint très populaire en France. Le film vieillit plutôt bien et mériterait de devenir à nouveau un classique....