Quand on regarde l'affiche, on pourrait croire qu'il s'agit d'un film fantastique orienté new age, mais il n'en est rien. Avec Le Phare du bout du monde, adapté du roman éponyme de Jules Verne avec quelques ajouts évidents, nous avons droit à un grand film d'aventure rythmé tout du long par une traque haletante, celle d'un gardien de phare aux prises avec un homme mystérieux et son improbable équipage, débarqués par hasard sur sa petite île rocailleuse balayée par les grands vents.
Au programme de ce film donc, un jeu du chat et de la souris sans concession, violent et musclé entre le personnage de Kirk Douglas, tourmenté par son passé, et un implacable Yul Brynner aux motivations troubles. On pourrait croire que cela va vite tourner en rond étant donné que le cadre de l'histoire est limité à une simple île, mais pas du tout. Les situations et les coups bas se renouvellent sans cesse, tandis qu'un autre bateau arrive par la suite et qu'une présence féminine trouble s'invite à la fête. Je n'en dirais pas plus.
En plus des qualités déjà énoncées, la beauté du film réside aussi dans ses très nombreux mystères. L'île n'a pas de nom, on ignore où elle est située géographiquement, tandis que le personnage de Yul Brynner sort un peu de nulle part. Qui est-il réellement ? Un pirate ? De quelle contrée reculée vient-il ? Tout cela reste ambigu et c'est tant mieux car cette fable, illustrant à merveille la lutte intemporelle du bien et du mal, fait d'autant plus travailler l'imagination.
Les amoureux de l'océan succomberont à coup sûr aux paysages baroques qui font rêver (soupirs), tandis que les cinéphiles ne pourront pas bouder cette rencontre au sommet entre deux monstres sacrés du cinéma américain, se concluant terriblement et surtout de façon très spectaculaire (j'espère que vous n'avez pas le vertige).
Avec son adaptation inspirée, Kevin Billington signe une œuvre plus subtile qu'il n'y paraît de prime abord, qui marque par son audace, sa fougue, sa violence parfois impressionnante et sa puissance dramatique. Contre toute attente, ce film méconnu est une véritable pépite.