Un long clip vidéo sans profondeur

L'idée d'un jeune sombrant dans l'addiction au jeu (prisonnier du mensonge perpétuel pour la masquer) et faisant face à l'urgence de se reconstruire, constituait une trame alléchante pour un film. Hélas, le réalisateur nous propose un long clip vidéo, avec des personnages et conversations au ras des pâquerettes canadiennes, le tout tournant vite en rond et donnant une furieuse envie de s'enfuir à toutes jambes de la salle. On est "dans les choses" du début à la fin, des ustensiles de cuisine aux personnages dénués de profondeur psychologique, sans répartie autre que plate et convenue. L'acteur principal est filmé de façon narcissique, comme s'il était une rock star fulgurante et non le lamentable protagoniste du drame qui se joue, ou plutôt "devrait" se jouer. Son jeu est plat et monotone, mais qui ne mourrait d'ennui en disant son texte ? Somme toute, ce film se déroule comme une BD largement alcoolisée et tonitruante, un sombre roman photo animé - mais pas sublimé - par la caméra, dont on ressort en proie à un douloureux sentiment d'abrutissement, ainsi qu'à une soif de transcendance et de "grand cinéma".