Entre loup et chien

J'avais lu quelque part que les premières traces de cohabitation entre le loup et l'homme remontaient à environ 100000 ans, puis disparaissaient, puis réapparaissaient ailleurs, notamment en Sibérie et en France. Ce n'est que vers -30000 ans que la domestication devient constante et définitive.

C'est à ce moment que le documentaire choisit de faire commencer leur histoire commune. A partir de ce moment, l'histoire de l'homme et du loup sont liées. L'histoire de l'un ne s'explique pas sans l'histoire de l'autre.
A partir de la collaboration de ces deux grands chasseurs, l'homme est devenu le plus grand prédateur que la planète ait connu.
Plus tard, l'homme a pu devenir cultivateur en confiant la surveillance de ses plantations au chien.
Il a pu devenir éleveur, car il a su transformer l'instinct prédateur du loup en instinct protecteur.

Pour communiquer avec l'homme le loup a appris à aboyer: il est devenu chien.
Les chiens liés à l'homme et à un territoire se sont adaptés et ont commencé à se modifier différemment selon les climats et les habitats, contrairement aux loups restés libres de tout attachement et de toute spécialisation.
Puis l'homme a commencé à les sélectionner pour l'usage qu'il en avait. Les principaux groupes de races ont été créés dans l'antiquité.
L'homme a toujours utilisé le chien dans presque toutes ses activités.

Aujourd'hui on l'emploie partout: chien d'avalanche, chien de sauvetage en mer, démineur, etc...
Je commençais à trouver barbante cette énumération d'activités canines que tout le monde connait quand je me suis aperçu que ma chienne était assise devant moi et semblait très intéressée par ce chien paria qui cherchait à se faire adopter par les hommes en chassant les singes qui venaient piller les récoltes, puis en suivant passionnément ce Saint-Hubert qui traquait pendant des jours les bracos dans une réserve africaine.
Puis j'ai vu qu'elle se trémoussait en cadence avec la course des huskys trainant à toute vitesse un traineau à travers la taïga.
Elle montra beaucoup d'intérêt, au point d'aller se coller nez contre nez avec l'écran, pour ce berger mongol, très viril qui avait déjà tué dix loups.
Elle se précipita sur la télé pour se joindre à la meute qui poursuivait un cerf.
J'en conclus que si tout cela paraissait banal, il se passait et se disait aussi des choses que je ne comprenais pas mais qui racontaient de vraies histoires, contrairement aux films avec des chiens scénarisés par et pour l'homme.

Il est évident que le chien nous comprend bien mieux que nous ne le comprenons.
Nous sommes souvent surpris de voir à quel point il anticipe nos intentions. Non seulement, il a intégré toutes nos habitudes, non seulement son odorat lui permet de ressentir nos humeurs, mais il a appris à lire les expressions de notre visage. Il a même intégré les sentiments humains et copié nos comportements.
J'ai eu une chienne qui chaque fois qu'elle était contente, montrait les dents. Il m'a fallu du temps avant de comprendre qu'elle avait remarqué que nous montrions les dents quand nous souriions. Et je me rendis compte que chaque fois qu'elle montrait les dents, c'était accompagné de signes de satisfaction, comme la tête qui se renversait en arrière ou l'arrière train qui se trémoussait frénétiquement.
Le chien nous comprend si bien qu'il reconnait généralement plus de 400 mots, c'est beaucoup plus que le nombre qu'utilisent certains pour écrire leurs critiques sur ce site.

Le chien est aussi capable d'un dévouement sans limite à ses maîtres. J'ai eu un cocker qui se serait fait tuer pour nous protéger lorsqu'il nous pensait menacés par un molosse.
J'ai aussi eu l'occasion de découvrir l'acte d'héroïsme d'un berger allemand. Un incendie s'était déclaré dans l'appartement de ses maîtres. Il a réussi à extraire les enfants et est mort en essayant de trainer ses maîtres inconscients à l'extérieur.

Il a aussi des vertus apaisantes. Il peut aider des gens victimes de traumatismes à reprendre contact avec la société. Mais c'est avec les enfants qu'il est le plus souvent bénéfique. J'ai eu un labrador à qui les filles venaient confier leurs petits secrets. Elles se couchaient à côté de lui, lui soulevaient l'oreille et lui racontaient leurs petits malheurs: "Y a papa qui m'a engueulé parce que j'ai mangé tous les chocolats, que c'est même pas vrai". Et le chien écoutait.

J'entends de plus en plus souvent des gens employer le terme "chien" comme une injure. C'est mépriser les meilleures qualités de l'homme. Ce sont des gens qui doivent être incapables d'empathie et de sociabilité. Ils doivent se sentir exclus et je les plains... et les évite.

Lorsque des gens viennent chez moi, j'observe leur comportement et celui de mes chiens. Leur maintien dans ma liste d'amis en dépend.