Méliès a réalisé plus de 500 films, dont une grande partie a été détruite, perdue et piratée. À ce jour on en a retrouvé plus de 200. Le portrait mystérieux est un des plus célèbres et appréciés. Méliès y joue l'illusionniste se faisant apparaître lui-même dans un tableau et entamant une conversation avec son double. Le mouvement hors-champ du premier et le défaut d'exécution de l'exposition multiple gâchent un peu le tour, mais en portant le sujet des moqueries sur la calvitie et en posant un fond clair autour de son haut de crâne évanescent, Méliès atténue et même donne sens à ce défaut de fabrication.
De cette façon il se pose comme la première de ses ressources humaines, devant Jeanne d'Alcy qu'il a escamotée (Escamotage d'une dame pour inaugurer les trucages) et déshabillée (nue de dos dans Après le bal). En effet sa tête a déjà été son meilleur instrument (et le sera encore, dans L'Homme à tête de caoutchouc et Le Mélomane), Un homme de têtes (1898) étant à ce stade son essai le plus impressionnant, Le Diable au couvent n'étant 'que' (brillamment) divertissant. La même année (1899), Méliès eut également recours à cette forme particulière de split-screen (le 'classique' est visible dès 1898 dans Santa Claus de George A.Smith) pour Évocation spirite, un des films où il tourne en dérision les superstitions et le mysticisme.
Trois ans plus tard il accédera à une notoriété internationale avec la 'reconstitution' anticipée du Sacre d'Edouard VII et surtout avec Le Voyage dans la Lune. Sa carrière en tant que cinéaste s'éteindra dans les années 1910 (Le Locataire Diabolique est un des derniers opus remarquables), mais Méliès sera redécouvert et rétabli à la fin des années 1920, notamment à cause de l'intérêt porté par les jeunes auteurs surréalistes.
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