Cette fille, il faut qu'elle disparaisse
Dans "Le Premier Cercle", de Laurent Tuel, polar à la forme léchée mais au scénario bancal, un père veut que son fils lui succède à la tête du clan mais le fils ne veut pas. Reno, en parrain arménien, est au sommet de son air inexpressif. Au prix de son cachet, il pourrait se montrer un peu plus motivé.
"Le Premier Cercle" demeure une sincère mais vaine tentative de renouer avec le film de gangsters comme parvenaient à le faire admirablement les français, dans une autre dimension temporelle, en allant fureter ça et là du côté de Verneuil, Lautner et Melville. D'abord parce que Jean Reno, Gaspard Ulliel et Sami Bouajila n'ont rien à voir avec Gabin, Delon et Ventura et qu'à force de regarder derrière lui et de fuir les tendances façon hollywoodiennes, le cinéaste oublie d'y insuffler le minimum de vitamines nécessaires pour se sortir d'une léthargie un peu trop palpable.
L'atmosphère, le cadre, l'ambiance, tout est là, les acteurs y croient à fond, le genre est respecté dans un premier degré d'une grande sévérité, mais tout ça n'en n'a que le gout. Romancer cela avec un scénario plus solide et une dose de tics contemporains aurait sans doute été un plus. Néanmoins, le film garde pour lui une intéressante confrontation père/fils sur l'héritage supposé d'un gang mafieux, une espèce de drame humain pas trop niais sur la voie sans issue que constitue la criminalité.
Plus discret et anecdotique qu'il souhaiterait l'être, "Le Premier Cercle" est une tentative courageuse mais moyennement concluante d'un retour aux films de gangsters d'antan. L'hommage à la grande époque du "Clan des Siciliens" qui n'arrive malheureusement pas à vouvoyer les grands du genre. Les autres, on ne les a pas oubliés. Celui-ci, il y a de fortes chances que si.