Lee Marvin dans un rôle... à la Lee Marvin
Quand un groupe de soldats confédérés apprend d'une de leur victime que la guerre est terminée et la paix signée depuis des mois, il tombe des nues. C'est qu'ils viennent de dérober l'or de l'union (le gouvernement provisoire pardon) et de tuer l'ensemble les tuniques bleues qui le convoyait. Aïe. Que faire? Garder le magot pour eux? Le laisser sur place? Ou bien l'envoyer plus au Sud où les attend leur officier référent. C'est la troisième option qui est choisi à l'unanimité. Peut-être le capitaine a-t-il une explication à leur fournir quant à cette histoire de paix. Aïe. Pas nés de la dernière pluie, nos joyeux drilles ne mettront pas longtemps à deviner le fin mot de l'histoire et abattre l'officier manipulateur : depuis des mois maintenant le capitaine se faisait un malin plaisir à garder ses hommes dans l'ignorance et se gavait du fruit de leur labeur. Incroyable histoire. Tellement qu'elle ne tiendrait pas cinq minutes dans un tribunal sans péter les côtes de l'assistance. La seule échappatoire pour l'unité apatride du Major Matt Stewart, tout juste promu à sa tête, est d'embarquer l'or et filer plus vite que l'éclair avant que le bruit du braquage ne fasse écho dans les cœurs les plus braves (ou les plus pourris, ça dépend de qui à l'ouïe la plus fine, ou l'âme la plus creuse).
Trop tard, un groupe d'hommes de loi, en fait de parfaites crapules animées des pires intentions, est déjà à leur trousse. Ralentis par les lingots d'or qu'ils transportent c'est dans une diligence dont il croise par hasard la route qu'il trouve leur dernière chance de salut. La course poursuite fait rage, le sentier est cahoteux, les lingots émiettent la charpente du véhicule, la diligence est acculée de toute part, les balles fusent dans les airs et le châssis commence à rendre l'âme. Très vite ses occupants, confédérés comme passagers, vont devoir l'abandonner et se réfugier dans le premier relai rencontré. S'ensuit alors un long et pénible siège qui mettra les nerfs de nos proies à rudes épreuves entre batailles d'égo (bah oui, Marvin fait partie de la bande), coups dans le dos et tentative d'évasion...
Hangman's Knot (dont la traduction française "Le Relais de l'or maudit" sied bien mieux à l'intrigue que le titre original en plus d'être bien plus agréable à l'oreille) fait partie de cette longue liste de Western que Randolph Scott tourna dans les années 40 et 50. Sans être plus mauvais qu'un autre, il n'est pas non plus l'un de ses meilleurs représentants. Le rythme est trop souvent saccadé, l'intrigue pas franchement originale et sa conclusion bien trop évidente. Reste néanmoins quelques belles séquences de gun fight (la dernière notamment sous des trombes d'eau alors que le relais est en proie aux flammes) et le cabotinage habituel et incessant de Lee Marvin qui joue, une fois de plus, le mutin emmerdeur cinquième dan à cheval sur la moral et la galanterie. Alors on pardonne les quelques longueurs et passages obligés un tantinet consensuel. Le charme de Donna Reed y aide également beaucoup.