Le réveil de la Corse
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L'été initiatique est un classique du cinéma français. Toutefois, loin de s'y limiter, ce "retour" raconte aussi une quête des origines, avec deux filles sur les traces de leur père et l'histoire de leur famille. Social, moderne, sincère et direct, nous avons un film qui par une forme simple et maîtrisé présente un fond d'une grand richesse.
Le cadre, c'est le Corse. Celle qu'elles avaient quitté 15 ans plus tôt à la mort du père. Jessica avait 3 ans. Farah à peine un an. L'île est filmée dans sa splendeur, ses côtes, ses villages de montage, les rues de ses villes. On y parle de ses spécificités culturelles, sans cacher celles moins glorieuses.
L'histoire, c'est d'abord celle de deux sœurs et de la complicité initiale qu'on nous présente. Pilier l'une de l'autre dans une famille mono-parentale d'origine modeste où la mère travaille pour élever ses filles, leur fournir les opportunités de s'en sortir. Jessica en sœur aînée modèle vient tout juste d'être acceptée à Science-Po. Farrad, moins scolaire, mais à l'intelligence certaine qui s'exprime souvent par une insolence pétillante et des prises d'initiatives intéressantes. Plus jeune, plus têtue et ronchon que sa sœur, en apparence moins sage et respectueuse des règles.
D'abord très unies, elles auront des trajectoires et des histoires différentes lors de ce retour en Corse. Si les romances sont présentes, avec la légèreté estivale qu'elles peuvent amener, il y a d'autres rencontres. Celles avec un passé familial oublié, la découverte d'une vie qui aurait pu advenir, des mensonges déterrées, des bonheurs retrouvés. Et au milieu de ce maelstrom sentimental, il y a des scènes chocs. Au moins deux marquent terriblement. La jeune Farrad affronte ces deux chocs et subit l'impact admirablement bien. La première scène marque une rupture, un lien qui se brise. Les mots ont pouvoir destructeur infini, et il y en a qui ne devraient jamais être écrits.
Suite à cette rupture brutale, Farrad a alors une séquence tout aussi simple que touchante où, tandis qu'elle se maquille pour sortir, elle parle à sa peluche cosmonaute, dernière confidente qu'il lui reste. L'adolescence dans sa splendeur, un mélange entre l'enfant révolu et l'adulte encore à venir.
La seconde scène est un drame comme la vie en connaît, même si la cause est une erreur personnelle, l'excès d'une jeunesse qui se croit immortelle. Et si les mots peuvent parfois mentir, les actes, eux, disent toujours la vérité, permettant à deux sœurs de se retrouver.
En arrière-plan de ces deux jeunes filles en quête de leur identité, il y a une mère. Une mère aimante, avec ses failles et ses défauts. Une mère qui doit affronter la confrontation avec ses regrets et ses mensonges, qui découvre de nombreuses différences à surmonter avec sa fille aînée chérie (elle réussit très joliment à mettre des mots sur certaines d'entre elles à la fin du film). Et si elle mérite certains reproches de la part de ses enfants, elle n'en demeure pas moins une mère admirable à bien des égards.
Plus qu'un été, il s'agit de l'histoire de toute une famille. De leurs caractères, leurs chemins individuels, des différents qui les distinguent, et surtout des liens qui les unissent.
Créée
le 22 juin 2024
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