L'idée de base du "Retour de Frankenstein" est intéressante et réinvente le mythe. Il s'agit non pas de réanimer un défunt mais de transférer le cerveau d'un dément dans le corps d'une autre personne et de le soigner dans ce corps.
Grâce à ce pitch, on reconnaît l'oeuvre de Mary Shelley mais on la trouve réinventée pour ne pas tourner en rond. Cette fois-ci, c'est la chirurgie qui est visée par la critique des scénaristes qui, sans règles de bioéthique, mène à des abominations.
Et la figure du savant fou, le baron Frankenstein, est incarnée par le grand Peter Cushing, habitué des films de la Hammer et toujours aussi flegmatique et talentueux.
Pourtant, malgré ces qualités indéniables, j'ai le sentiment d'avoir vu un film beau esthétiquement mais un peu vide. La faute peut-être à des acteurs secondaires moins convaincants ? A une histoire un peu courte et linéaire ? A des pistes intéressantes vite abandonnées (à l'image de ce début de traque à la Sherlock Holmes par un inspecteur de la police qui tourne court et qui est assez frustrante) ?
Mais ce qui m'a le plus dérangé, c'est une scène pour laquelle l'acteur principal, Cushing, s'est excusé auprès de Veronica Carlson. Une scène ajoutée à la dernière minute, incohérente, inutile, outrancière et issue d'un caprice d'un des fondateurs de la Hammer qui reprochait l'absence de sexe dans ce film : la
scène du viol
. A travers cette scène, on perçoit que le film a été fait moins pour des raisons artistiques que financières (au mauvais sens du terme : l'argent guide les choix artistiques et coche des cases pour satisfaire le spectateur).
C'est d'autant plus agaçant qu'il y avait un véritable potentiel pour en faire un grand film de la Hammer !