Dix ans après L'attaque des tomates tueuses, John Bello reprend les commandes pour piloter sa suite : Le retour des tomates tueuses. Ces deux premiers opus sont assez cultes chez les nanardophiles, les deux suivants auront une notoriété très faible. Le retour serait le meilleur de la saga ; il surpasse déjà clairement son prédécesseur. Ainsi lorsqu'il reprend les gags qu'il entamait, il sait les étendre un peu plus, autrement dit mettre à profit les maigres réserves. D'ailleurs on voit davantage la menace rouge.


Quoiqu'il en soit il vaut mieux y aller sous l'emprise d'alcools forts ou d'atmosphères beaufs (beauf geek) achevées. Le retour des tomates donne dans le folklo et peut rassasier ; comme dans le précédent opus, John Bello et son équipe revendiquent le cheap de l'entreprise et sa mission bouffonne. Cette fois avec plus d'adresse et de précision, mais essentiellement pour le pire. Cela s'annonce dès cette intro ringarde nanardo-activiste ; tout cet encadrement, ainsi que les délires autour du professeur Gangrène, étaient déjà ultra-ringards à l'époque (1988).


Y en-a-t-il seulement une où ils ne l'auraient pas été ? Dans ces moments haut-en-couleur, on dépasse le maniérisme kitsch de Creepshow et du reste du bis à sketche horrifique ou pseudo horrifique ; pour s'enfoncer des méandres gênantes (si on est un peu émotif) ou juste d'une nullité massive (si on est plus indifférent de nature). Néanmoins il y aura de tout ; de l'exécrable au piteux modéré en passant par le bien essayé demeurant médiocre. Au moins ce Retour des tomates a son originalité et arrive à marquer quelques coups ; certains trucs loufoques tels que la pin-up s'avérant une tomate font de l'effet, quelqu'il soit.


C'est pas qu'on y trouve une imagination profonde mais c'est costaud. Reste que la profusion et les intuitions courtes ne font pas tout : ou un Rubber sans le côté pro au mieux, parsemé d'enthousiasmes confus et dégoulinants. Il y a des délires wtf et hors-sujets à la pelle (le mime, l'interiew de la grosse), le quatrième mur est brisé régulièrement, mais l'ennui l'emporte ; y compris sur l'effroi léger de l'ouverture. D'ailleurs au fur et à mesure on peut se prendre au jeu, surtout lorsque Clooney et son compagnon partent en mission (à partir de la mi-séance).


Le film devient alors plus ciblé dans ses délires, quitte à verser dans le running gag sans fin (les placements produits). Du côté trip bucolique à la Texas Chainsaw Massacre 4 croisé Télétubbies sarcastique, on passe à un enchaînement de sketchs honteux et de caricatures du film d'horreur des 80s corrigé par Les Inconnus (ça fait beaucoup de degrés dans l'imitation du décérébré). Une douce et nette bêtise nous berce tandis que le fardeau s'allège légèrement. Au moins cette Attaque relève son propre défi de nanar intégriste, à défaut de se hisser vers les membres illustres de sa catégorie ou du bis ubuesque en général (Killer Klowns, Le Blob).


À défaut également d'être une espèce d'attentat ou de curiosité façon Fart Movie, ou un plantage d'exception, ce que son manque d'authenticité et son concept (le film se dénigre lui-même et met en scène sa débandade) lui interdisent. Voilà en somme une daube accomplie, mûrissant par endroits. Tout juste une anecdote, mettant en avant Clooney pour sa promotion depuis qu'il est devenu l'un des acteurs les plus fameux de la planète. Il est d'ailleurs une contribution intéressante au film, jouant de façon résignée tout en ayant l'air bien ancré ; ironiquement, cette seconde victoire sur l'armée rouge (à la fin) est attribuée à son acolyte, les journalistes et les badauds ne semblant pas lui trouver l'aura d'une star.


https://zogarok.wordpress.com/2015/07/04/saga-les-tomates-tueuses-12/

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le 3 juil. 2015

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