Nos légions ont du talent.
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Parfois on rit, parfois on est consterné, le plus souvent, on attend de rire. Le Retour du héros est à la comédie un mélange de lourdeur, de clins d'oeil divers et de rires francs.
Et cette comédie parlons en, car après tout, nous sommes venus pour rire, et de ce fait, l'intrigue passe quasi au second plan face à cet impératif de l'humeur.
Dans le registre de la lourdeur, que je convoque en premier, le client sera servi. Le Retour du héros enchaîne les blagues plus ou moins drôles, allant du simple gags potache,
et que je te pousse dans la rivière, et que je te tombe dessus dans la boue,
à des passages gênants,
(les scènes de sexe assez maladroites, ou encore la scène dans la grange où l'on découvre une Pauline masochiste et hystérique confinant au ridicule le plus complet, qui rend le spectateur (et Neuville) assez perplexe)
voire franchement choquant
(la gifle et l'attitude d'acceptation, voire de joie, de Pauline de s'être faite remise en place de la sorte me paraissent totalement déplacé dans le contexte actuel).
Des tentatives d'humour manquant souvent leur cibles ou devenant drôles malgré elle. La personne avec qui j'ai pu visionner ce film me disait en sortant qu'on avait affaire à la caricature de la comédie. Mais quant à savoir si cette caricature se fait volontairement où malgré elle, on laissera la question ouverte.
Dans le registre des clins d'oeil, on sera mitigés : un très bel appel de pied à la comédie française et au registre du théâtre est à noter dans une certaine mise en scène avec le champ
Je pense notamment à la scène de course poursuite dans le jardin, dont Molière et les aficionados du quiproquo n'auraient pas eu entièrement à rougir.
Enfin, passons au rire, car tout de même, si je mets 6/10 à ce film, c'est que j'ai ri, et parfois de bon coeur. Jean Dujardin fait du Jean Dujardin dans ce rôle qui lui va comme un gant ou presque (mais on y reviendra). Le rythme est bon, les mimiques excellentes, et le scénario place de très bons coups dans le comique de situation.
Le seul regret pour moi est que son vis-à-vis, ici Mélanie Laurent, n'est pas du tout à la hauteur. Son personnage qui pourrait être tiré des romans de Jane Austen (cynique et indépendant) pourrait être parfaitement adapté à ce qui se joue, mais son interprète reste bloquée dans un jeu anachronique type 21e siècle assez vulgaire par moments, et qui passe plutôt mal face aux efforts de Jean Dujardin de coller au cadre historique (dans l'attitude, le vocabulaire et le ton).
C'est d'ailleurs le point négatif de ce film pour moi : on sent les personnages beaucoup trop fragiles et caricaturaux pour rendre vraiment crédible une intrigue qui pourrait avoir autrement plus de panache et donc de succès.
Enfin, et je conclurai sur ce point : le scénario lui-même est assez chaotique et la fin s'éternise (une fin plutôt incohérente à mes yeux d'ailleurs :
comment peut-on trouver réaliste le mariage final avec comme maigres éléments un récit tragique et un acte de bravoure étonnant du capitaine Neuville ? Comment comprendre le revirement d'Élizabeth dans l'arnaque de Neuville ? Et que doit-on penser de la fin ?
Une fin différente, des adjuvants plus consistants, et ce film aurait été plutôt bon. Sans cela, il reste médiocre mais plaisant. À voir une fois, pour rire.
Créée
le 25 févr. 2018
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