LE RIRE DE MA MÈRE (14,5) (Colombe Savignac & Pascal Ralite, FRA, 2018, 92min) :
Cette délicate chronique douce-amère narre la trajectoire d'Adrien, un enfant introverti de onze ans confronté à la séparation de ses parents et au deuil. Pour leur premier long métrage le duo Colombe Savignac et Pascal Ralite, longtemps techniciens du cinéma, s'attaque à double sujet douloureux et particulièrement périlleux du point de vue affectif. Disons-le d'entrée le film ne trébuche pas sur ces obstacles et évite même certains pièges, comme la mièvrerie ou le pathos, dans lesquels l'intrigue aurait pu facilement basculer, sans la finesse d'écriture scénaristique et la très belle étude des différentes caractères psychologiques de leurs personnages dont on sent le travail en amont par les auteurs. Les cinéastes prennent le parti de filmer la plupart du temps du point de vue de l'enfant en suivant ainsi tout le parcours initiatique du préado tourmenté et taiseux qui va se confronter à la dure réalité de la vie d'adulte, entre divorce de ses parents et maladie grave à gérer affectivement et qui va bouleverser ses horizons futurs. Dès la savoureuse première séquence la mise en scène installe les caractères des personnages et leurs situations familiales pour mieux nous attacher directement à eux tant l'authenticité crève l'écran. Le duo livre une réalisation où la caméra enveloppe de bienveillance les protagonistes dans leurs contradictions tellement humaines, où la gravité du sujet échappe à trop de noirceur grâce à des pastilles lumineusement pop pour insuffler malgré tout un souffle de vie entre les flottements existentiels dû à la fin d'une vie. Les cinéastes dévoile leur narration avec justesse même si la trajectoire scénaristique est un peu balisée sans oublier de distiller de l'humour à bon escient et des scènes oniriques comme meilleurs piliers de l'acceptation de l'inéluctable de la vie. Pour incarner cette histoire solide les auteurs s'appuient sur un casting savamment choisi, avec l'irradiante et bouleversante Suzanne Clément bien accompagnée par la justesse de jeu des autres acteurs, dont le touchant Pascal Demolon, l'étonnant Igor Van Dessel et l'impeccable Sabrina Seyvecou. Ce premier long métrage réussi convoque sans afféterie un peu d'essence du cinéma de Xavier Dolan (dont Suzanne Clément est l'une de ses muses) et rappelle par certaines aspects le touchant Du vent dans mes mollets (2012) de Carine Tardieu. Venez soutenir ce premier envol cinématographique attachant, une ode à la vie émouvante qui s'infiltre dans Le Rire de ma mère. Lumineux. Sensible. Prometteur.