La première heure du film n'est pas si mal.
Quatre trentenaires décident de partir en raid au fin fond de la forêt scandinave. Quatre potes unis comme les doigts d'une main ou presque car endeuillés par la mort brutale de Robert, le cinquième larron, celui-là même qui avait émis l'idée de partir randonner en Laponie. Projet finalement mis en application ne serait-ce que pour honorer la mémoire du copain disparu.
On comprend assez vite que le trip en question ne va pas se résumer à une promenade bucolique au pays des castors. D'abord parce que dans un groupe y en a toujours un plus maladroit que les autres qui par sa balourdise - ici une entorse - rend le trajet plus long et pénible. Mais surtout parce que nos quat z'amis ne trouvent pas de meilleure idée pour rentrer à temps que de sortir du droit chemin et de s'enfoncer dans un coin de forêt particulièrement inhospitalier...
Cinématographiquement, nous sommes en terrain familier, cette entame de film n'étant pas sans rappeler quelques mortelles randonnées pas piquées des hannetons : The descent, Délivrance ou encore Le Projet Blair Witch tout en étant géographiquement et culturellement en terre inconnue avec cette contrée paumée propice aux légendes ancestrales. La première nuit passée dans une cabane peu rassurante, la multiplication de signes incompréhensibles gravés sur les arbres et la mise en scène de cadavres d'animaux affreusement mutilés contribue à poser l'atmosphère que l'on était en droit d'espérer pour ce genre de film. D'autant que le récit joue alors sur le registre du fantastique, mêlant habilement objectivité dans la perception des événements et perte de lucidité face à une force insaisissable. La matérialisation de la culpabilité du personnage de Luke au cœur de la nuit ouvrant une piste plutôt intéressante quant à la suite de l'histoire...
Et puis patatras.
Plutôt que de suivre le chemin adroitement tracé et plutôt intéressant d'une figure du mal invisible et peut être imaginaire ( la projection mentale des randonneurs ?), le réalisateur se fourvoie en décidant de tout montrer/expliciter. Les quatre potes se retrouvent ainsi prisonnier d'une petite communauté sectaire dont on imagine dans un premier temps qu'il s'agit de dégénérés (comme dans Délivrance) avant de comprendre qu'ils sont eux-même prisonniers d'une sorte de dieu maléfique de la forêt. Un monstre protéiforme à la fois massif et furtif. Un être réclamant sans attendre qu'on lui sacrifiât tout intrus s'aventurant sur son territoire. Pour le moins un sacré client quand même. Sauf que le dieu sylvestre en question, qui finit par apparaitre à la toute fin du film, ressemble...juste à pas grand chose : un vague mélange d'élan et de centaure. En plus grand. Et mal foutu. Et je ne sais pas vous, mais moi, un élan c'est comme un lama, au pire ça me fait sourire mais pas peur, c'est juste l'animal sympathique qu'on ne rencontre jamais dans ses pires cauchemars. Et la vue de ce brave cervidé transformé en croquemitaine luciférien m'a simplement paru improbable. D'autant que le héros échappe relativement facilement à cet orignal mal embouché ce qui fait dire, à la suite de Yakari, que l'élan est effectivement bien lent.
Personnages/interprétation : 7/10
Histoire/scénario : 6/10
Mise en scène / réalisation / 6/10 (7 pour la première heure et 5 pour la deuxième)
6/10