Bon, je grimpe à 4 parce que c'est pas encore assez catastrophique pour mériter de figurer parmi les pires films. Mais on peut remercier le talent d'Antoine Fuqua pour ça, même s'il est vraiment TRÈS loin de le forcer, là !
Le film se veut historique, revenant aux éléments qui, selon plusieurs spécialistes, auraient amené à la légende du roi Arthur. Après tout, pourquoi pas ? On connaît très bien la légende, et un traitement réaliste est assez original.
Sauf qu'il faut comprendre que c'est le réalisme selon les Américains. Vous savez, cette nation née sur le tard par la colonisation et le vol de terres aux Indiens, et qui n'a jamais vraiment connu de périodes comme l'Antiquité, le Moyen-Âge, ou la Renaissance. Alors, forcément, quand ils s'attaquent à l'Histoire européenne, c'est épique. Mais pas dans le bon sens du terme.
Ce film, en fait, c'est un peu ce qui va préfigurer Le Choc des Titans et son massacre en règle de la mythologie passée à la sauce US.
Arthur devient un putain de psychorigide totalement aveuglé par ses idéaux totalement irréalistes, Lancelot est un badass hypercool qui se bat avec des lames jumelles, et pas une fois sa relation avec Guenièvre n'aura la profondeur que l'on connaît. Bordel, ils échangent pas un mot de tout le film, sont juste là à se regarder comme deux débiles genre "putain, t'es trop bon(ne), je te sauterais bien dessus, mais ton (mon) pote est passé avant, alors, on va juste se regarder de temps en temps".
Guenièvre, justement, devient picte. WTF ?
Est experte au tir à l'arc. WTF² ??
Et une incroyable guerrière au corps à corps. WTF³ ???
Quant à Merlin, il est un vague chef picte un peu clodo hippie sur les bords, qui semble, au détour d'un dialogue, être un peu prophète, mais c'est peut-être parce qu'il avait trop fumé.
Maintenant, si on écarte un peu les connaissances de la légende............
C'est un gros film US caricatural avec les gentils Bretons fins et fiers qui vont faire un Alamon contre une bande de vilains Saxons énormes et qui représentent le Mal incarné, pillant, violant, tuant. Ah non, excusez, le viol, le chef dit non, sur ce coup, on se mélange pas à une sous-race.
Sachant qu'ils ont dû pas mal le pratiquer sur tous leurs autres raids, faudra m'expliquer. Ce qui nous amène à la première confrontation avec celui que je suppose être le fiston, qui se fera ridiculiser et humilier tout le long du film par les hommes d'Arthur autant que par son propre père qui lui coupe l'herbe sous le pied à chaque fois. Et lui, au lieu d'agir en bon Saxon méchant qu'il est censé être et de coller un grand coup de hache dans les tripes à papounet pour prendre la succession, il va juste garder un air renfrogné tout le long du film avant d'aller se faire descendre au combat final.
Ah bah, il est beau, le Saxon incarnation du Diable, tiens !
On verra ça plutôt du côté des quelques chrétiens croisés.
Ah oui, là, pas de nuance. Histoire de bien montrer que Arthur a de quoi douter de son église, on y va dans les moines qui sont TOUS de vraies belles ordures à faire passer les Saxons pour des enfants de chœur, entre esclavage et expériences bizarres dans un caveau emmuré dont on ne saura jamais vraiment à quoi il servait, sinon, à nous amener Guenièvre et le quota émotion avec un gamin survivant qui va s'attacher à l'un des chevaliers d'Arthur. Lequel chevalier sera évidemment le premier à tomber.
Je vous l'avais dit, pas de demi-mesure.
Ah, ça faisait longtemps que j'avais pas vu un tel manichéisme en guise d'ode à la liberté :')
Enfin, bref, vous l'aurez compris, pas grand-chose à sauver s'il n'y avait pas le métier de Fuqua et un certain sens du rythme.
Une série B décomplexée qui peut vous remplir une 2e partie de soirée, mais veillez à ne pas invier des amateurs de la légende arthurienne, hein.... :D