Je n'irais pas par quatre chemin, même de campagne, ce film est de très loin l'un des meilleurs films français de ces dernières années
le scénario est absolument brillant, finement écrit, totalement inédit et incroyablement original, les dialogues y sont également vraiment extraordinaires.
Il est vraiment rare de sentir une telle singularité dans le propos, dans l'écriture et dans la mise en scène que dans ce film vraiment épatant !!!
Guiraudie, nous raconte les affres d'un homo de cambrousse amateurs de daddy (ours d'age mur en dialecte pédé), à la voix trop douce en décalage étonnant avec sa carrure, au regard perçant et au physique bien loin des canons de beauté en vigueur dans le Marais, qui, à la quarantaine, s'interroge sur sa vie et sa sexualité. Il croisera sur son chemin une adolescente exaltée qui tombe raide dingue de lui et, pour échapper à la furie du père, ils devront prendre le maquis et fuir dans la forêt, pursuivis par un flic pour le moins étrange, par le père vindicatif, le tout sur fond de trafic d'une racine puissamment aphrodisiaque qui semble rendre tous les autochtones mâles franchement chauds bouillants...
Rien que le pitch est étonnant, c'est vraiment un film qui surprend constamment son spectateur, qui nous prend à chaque fois par la où on ne l'attendais pas et qui crée ainsi un plaisir inouï et vraiment jubilatoire.
L'acteur principal, Ludovic Bertillot impose un physique hors norme, des yeux très clairs de husky perçant un visage viril et bonhomme, perché sur une carrure impressionnante de grand ours.
Guiraudie le film constamment, sous toutes les coutures, habillé, nu , en slip courant dans la foret, baisant ou en gros plan, avec une douceur et un désir qui finissent par devenir contagieux. Il parvient aisément à démontrer, l'air de rien, que tous les corps peuvent être désirables à l'écran et que tout dépend du regard que pose le cinéaste sur ses acteurs... Rien que pour cela, le film est déjà très fort et émouvant !
Hafzia Herzi est absolument délicieuse dans le rôle de Curly (!) et elle confirme tous les espoirs portés en elle après La Graine et le mulet. J'ai vraiment hâte de la revoir et je lui souhaite de poursuivre pour longtemps encore une carrière à ce niveau, car deux films si merveilleux en deux ans, c'est déjà presque une carrière en soi. Elle touche déjà un peu du doigt la postérité avec de telles œuvres !
Car il y a vraiment dans ce film une intelligence et une beauté qui coupent d'autant plus le souffle qu'elles sont singulières et qu'on trouve une émotion vraie dans ce sentiment de liberté totale qui s'y exprime... par son histoire, par le fait qu'elle ne se fixe de limite ni dans de ridicules tabous, ni dans le réalisme ou la fantaisie débridée qui l'habite.
Cette "fuite en avant" d'un couple plus qu'improbable, cette fable initiatique du bel Armand m'a totalement cueilli, conquis et m'a laissé à la fois hilare, ébloui, déboussolé et ému.
Un véritable dépaysement cinématographique au sens au l'auteur vous attire sur des terrains inconnus, des territoires inexplorés et potentiellement glissants mais qu'il vous y ballade avec un talent étonnant et vous file une (ou deux ?) banane(s) phénoménale(s) durant 1h30 de pure jouissance cinéphile !
Du bonheur en barre, à voir et à revoir !!