La foi mon fils, tel est ton guide
Ce film raconte la jeunesse de Mathayus, le futur Roi Scorpion qui, après un passage remarqué dans "Le Retour de La Momie", avait bénéficié de son propre film en 2002, avec The Rock dans le rôle principal.
On retourne donc dans un univers antique et mythologique à la forte tendance bordélique. Pas de date vraiment fixée, on ne se gène pas pour rendre les cités d'Akkad et de Cnossos contemporaines à celles de l'Egypte pharaonique, on mélange les diverses divinités dans un pot-pourri plus ludique que consciencieux et on fait fi de diverses anachronismes avec la présence de selles de cavalerie et d'armures bien plus tardives.
Le scénario, assez ténu, consiste en une suite d'épreuves que devra surmonter le jeune guerrier pour l'accomplissement d'une quête dont la récompense est une lame, et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de l'épée de Damoclés. Pour cela, il fait falloir que Mathayus, accompagné de fidèles compagnons, se rende aux Enfers et y affronte la déesse Astarté. Bref, vous l'avez compris, c'est n'importe quoi, d'autant plus que pour parvenir aux Enfers, il est nécessaire de se rendre à un "ascenseur dimensionnel" qui se situe au centre du labyrinthe du Roi Minos, après avoir bien entendu terrassé le célèbre Minotaure. Il est intéressant de noter également que, sûrement histoire de dédramatiser cette hérésie académique, le film se voit doté de lignes de dialogues résolument modernes, brassant des éléments de grammaire vulgaire et des références de sous-culture. Il est cependant dommage que l'humour potache recherché par ces moyens tombe souvent à plat, faute d'originalité.
Passe encore sur les décors numériques, d'une qualité honnête pour ce type de production. Par contre, pour ce qui est des inserts CGI, on tutoie le ridicule. La première farce se déroule dans le labyrinthe, avec l'apparition d'un minotaure de synthèse qui change de gabarit au fil des plans et qui se trouve doté d'une animation aussi saccadée qu'une séquence montée en stop-motion. Heureusement que la plus grande partie de la scène se déroule dans une semi-obscurité.
Puis vient le nec plus ultra du moisi: le combat final. Au cours de celui-ci, Sargon se transforme en scorpion (on n'assiste pas à celle-ci, le tyran, sur le coup très pudique, se métamorphose dans un coin obscur) puis se lance alors un sort... d'invisibilité! On pourrait crier au scandale devant une telle fumisterie. Durant dix bonnes minutes, séquence entrecoupée, en montage alterné, avec la plus stupide séance de génocide huilé qu'il m'ait été donné d'assister, on y voit le brave Mathayus, armé de son épée, esquiver un dard et des pinces invisibles qui pulvérisent le crépis du plateau et divers bibelots posés au hasard par l'accessoiriste, avant d'empaler un scorpion suffisamment stupide pour se jeter sur l'arme du héros tendue par hasard vers l'avant. Pas de doute, on nage ici en plein navet.
Au niveau du casting, Mathayus est interprété par Michael Copon, un bellâtre bondissant qui a pour toute performance un rôle récurrent dans la série Power Rangers, c'est dire... Le méchant Sargon est incarné par Randy Couture, un véritable champion puisqu'il est considéré par beaucoup comme le plus grand athlète de Combat Libre, il est dommage qu'il ne soit pas aussi doué pour les arts dramatiques, n'arrivant guère à effacer cet air bovin de son visage. Quand à la copine de Mathayus, Layla, le rôle échoie à une jolie indienne, Karen Shenaz David. Pas grand chose à dire, sauf qu'elle à deux arguments de poids, placés bien là où il faut.
Je ne m'attendais pas à grand chose avec ce "Roi Scorpion" deuxième du nom, je n'ai donc pas été déçu. Le film de Russell Mulcahy est mauvais de par le fond et la forme, avec un scénario puéril, des effets spéciaux misérables et un jeu d'acteur insipide. On ne passe pourtant pas un exécrable moment, à la condition de prendre ce produit pour ce qu'il est réellement, un ersatz récréatif de Conan.