Au lieu de me lire, commencez le si pas vu: https://www.france.tv/france-3/cinema-de-minuit/5735433-le-roman-d-un-spahi.html (Disponible jusqu'au 08/04/2024; ils semblent enfin allonger les durées de disponibilité!)
Encore un bon moment dépaysant passé grâce au Cinéma de Minuit de Patrick Brion.
Mais aussi de bonnes surprises visuelles qui font pétiller l'oeil et le cerveau jusqu'à la toute dernière seconde bluffante.
Je n'étais pas sur mes gardes, je croyais que j'allais encore voir un film en noir et blanc plan-plan sur la forme et surtout en studio.
Et je me disais encore un film que tout le monde sur le fond allait trouver "raciste" de nos jours (il se passe en Afrique, des noirs ont plusieurs femmes et les femmes se laissent taper et parlent pas français...)
Au final, tout le casting est crédible et malin: l'ami noir (un Habib Benglia , complice et volant ses rares scènes), l'amoureuse noire, la michtonneuse blanche locale, le commandant de Marine fanfaron qui fait croire qu'il sort avec une riche une fois en escale, le Chef de corps des spahis (Pierre Larquey, un que je commence à enfin avoir beaucoup croisé sans encore jamais l'avoir trouvé faux),
et les copains militaires multi-racisés.
L'amoureux susceptible qui se trompe et ne voit pas d'abord celle qui l'aime mieux et vraiment est touchant même sans dialogue: un "Georges Rigaud" que j'ai réussi apparemment à ne jamais croisé alors qu'il a une filmo longue comme un bras! (...j'me croyais cinéphile :-( )
J'ai hâte de tenter d'autres films de ce Michel Bernheim
car il m'a dézombifié de ma chaise où mon gros cul posé et mes yeux mi-clos blasés ont tous plusieurs fois été ramené à la vie et pétillement par de multiples plans et scènes.
Surtout une merveille à la fin où j'ai cru voir une allusion au tableau
'La Lamentation sur le Christ mort' (où le peintre Mantegna montre le Christ mort, allongé et pleuré par personnage à côté). Dans le tableau la caméra est au pied du cadavre.
Comme ici, et le linceul serait ici formé par le vent se coagulant comme rose des sables sur le corps.
Pour moi, la fin fait plutôt allusion à la situation militaire sur le terrain qui s'enlisera.
La réputation du drapeau parfois trainée six pieds sous terre...
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ps: j'ajoute le 07/04/24 des infos que je viens d'apprendre dans un article d'Anne Dessuant (27/09/23 Télérama) au sujet de ce Habib Benglia dont je parle de ma découverte ravie et satisfaction ci-dessus. Habib Benglia est "fils de caravanier soudanais, il arrive en France dans les années 1910 pour livrer des dromadaires dans une exposition coloniale. Il ne repartira plus. Il s'inscrit à des cours de théâtre et est vite repéré pour sa diction parfaite. (...) il joue aussi des rôles du répertoire classique (Jules César, de Shakespeare) et des personnages importants comme dans La Putain respectueuse, de Sartre, au théâtre (... Grémillon lui offre son meilleur contre-emploi)
(Anne Dessuant, 27/09/23 au sujet du doc 'Vigo, Renoir et Grémillon, les éclaireurs de l'ombre' d'Alain Agat).