Y-a t-il Un Flic Pour Graisser Ma Chaîne

Le sadique à la tronçonneuse est un film datant de 1982 réalisé par l'espagnol Juan Piquer Simon et qui oscille entre le slasher, le thriller, le film de psycho-killer, le giallo, le gore et la comédie involontaire . Au cours de sa longue exploitation pour le marché de la vidéo, Mil Gritos Tiene La Noche en version originale connaîtra de multiples nouveaux titres plus ou moins fantaisistes comme Pieces, Le Maniac, Mutiltor man, Trop tard pour hurler, Le cri du Cobra, Chainsaw bastard, Chainsaw devil et bien sûr Le sadique à la tronçonneuse....

Le film à l'intrigue minimaliste raconte l'enquête de deux policiers sur un campus dans lequel un tueur armé d'un tronçonneuse découpe des jeunes filles.

Le sadique à la tronçonneuse est un pur et réjouissant nanar qui coche presque toutes les cases des plaisirs les plus coupables et les plus déviants. On commencera par l'histoire censé se dérouler dans un campus universitaire mais qui à l'écran réuni dix clampins avec deux élèves, un professeur, le proviseur, une secrétaire, un jardinier louche et quelques donzelles qui gloussent en attendant de passer de vie à trépas. Y-a tellement personne sur ce foutu campus que dans une séquence une jeune fille se retrouve à jouer au tennis toute seule avant d'aller prendre une douche forcément fatale. Niveau enquêteur on trouve deux inspecteurs à la perspicacité toute relative qui mettront péniblement les 90 minutes réglementaires à trouver le coupable parmi les deux suspects et demi du casting. Nos deux supers flics complètement dans la panade finiront même par engager une blonde se faisant passée pour une prof de tennis et un étudiant afin d'élucider le mystère et d'avoir au bout du compte plus d'enquêteurs que de suspects sur le terrain. Histoire de brouiller les pistes de ce savant Whodunit le film nous sert tout de même un suspect idéal tout trouvé avec un jardinier bien louche qui porte fièrement sa tronçonneuse comme un symbole phallique. Un personnage tout en nuance joué en roue libre par Paul L Smith qui cabotine comme un beau malade en fronçant le sourcil à s'en faire péter l'arcade avec un sourire sadique. Notre brave jardinier se fera même arrêté au cours d'une interpellation musclée avant de se retrouver étrangement libre comme l'air et sans aucunes explications quelques scènes plus tard... En même temps niveau cohérence le film accumule tellement d'aberrations scénaristique que l'on finirait presque par s'habituer aux plus improbables séquences du film (enfin presque).

Le film regorge de nombreux moments de pur gourmandise pour les amateurs de nanars avec son lot généreux de situations grotesques, de dialogues stupides et d'approximation de jeu renforcées par une version française tout bonnement catastrophique. Quel bonheur de voir cette jeune fille laisser entrer le tueur en gabardine et gants noirs dans l’ascenseur sans remarquer qu'il cache carrément une tronçonneuse dans son dos ! Quel plaisir de voir ce même tueur ramener sur le bord d'une piscine une baigneuse avec une épuisette comme un vulgaire thon et qui ensuite attendra tranquille sur le bord de l'eau qu'on vienne la découper ! Quelle joie de voir ce type qui débarque de nul part avec un masque d'Halloween pour faire un jump scare aussi foireux que gratuit avant de repartir et de disparaître totalement du film ! Quel pied de voir cette fille en skateboard se manger un miroir porté par des ouvriers comme dans une parodie de course poursuite ! Quel moment magique lorsque l'on demande à un professeur si la tronçonneuse ensanglantée à côté d'une malheureuse taillée en pièces pourrait bien être l'arme du crime ! …. Et les dialogues sont eux des perles qui s'enfilent sur un collier de velours comme ce cri du cœur « ouais moi je suis trop jeune pour mourir moi » le magnifique « Encore heureux il ne lui a coupé que les bras » ou cette séquence ou la flic infiltrée pète les plombs en hurlant les petits poing serrés « Ouiiiiii mais que faisions nous avec cette musique alors que ce bâtard était en train de la tuer tranquillement, batard, baaatard, baaaaaaataaaaaard !!!!!

Mais la cerise sur la gâteau ce qui achève de faire définitivement de ce Sadique à la tronçonneuse un top nanar c'est cette séquence tellement improbable qu'elle semble sortir directement d'un film de Mel Brooks, des ZAZ ou même des Monty python. Dans cette scène de nuit notre flic infiltrée se fait agresser par un chinois clone de Bruce Lee (Interprété par Bruce Le) en survêtement qui tente désespérément de lui mettre des high-kick en pleine face avant de se vautrer par terre après avoir pris un coup de pied dans les joyeuses. Survient alors un jeune sur sa moto ,qui pour le suspens fait un bruit de tronçonneuse, qui vient fatalement secourir la belle en danger . Le chinois se relève alors et il est reconnu par le jeune «  Ahahahah !! mais c'est mon prof de kung fu , mais qu'est ce que tu fabrique Chow ?? » le chinois répond qu'il s’entraînait avec la madame puis il se barre en faisant coucou à la caméra … No comment, j'avais juste envie d'applaudir.

Mais attention Le sadique à la tronçonneuse n'est pas non plus complètement mauvais et ce mélange de slasher à l'esthétique fétichiste de giallo offre quelques séquences horrifiques pas trop mal torché avec une prédilection non négligeable pour le gore très graphique. Le film offre même un meurtre à l'arme blanche sur un matelas à eau cinq avant le Freddy 4 de Renny Harlin qui proposera une scène similaire, comme quoi le film est presque novateur.

On pourras donc beaucoup s'amuser de la caractérisation à la louche de la psychologie du tueur , de la nullité des dialogues et des situations mais niveau horrifique le film de Juan Piquer Simon fait quand même le boulot. Au final le film est nul mais tellement agréable à regarder.