Il n'existe pas moins de trois versions différentes du film de Jesús Franco Le Sadique de Notre Dame qui ressort en 1979. D'abord sorti en 1975 sous les titres de Sexorcismes pour la version pornographique et Exorcisme pour celle érotique, le film se retrouve ici expurgé de ces scènes X et agrémenté de nouvelles séquences tournées pour l'occasion. Je me suis même rendu compte un peu par hasard que je possédais le film en DVD sous le titre Exorcisme et Messes Noires. Même si il n'évite pas quelques défauts un peu rébarbatifs comme un côté un poil répétitif, Le Sadique de Notre Dame s'avère être un bon Franco avec toutes les limites que ce constat implique.
Dans Le Sadique de Notre Dame nous allons suivre un ancien homme d’église exclus pour ses idées un peu trop radicales qui se donne pour mission de punir selon les lois de la sainte inquisition les pécheresse qu'il croise sur son chemin. Il commence aussi une investigation pour s'infiltrer dans le milieu des messes noires et soirées orgiaques de la bourgeoisie parisienne.
C'est Jesús Franco lui même qui incarne ce fanatique religieux trimballant sa singulière carcasse dans les rues de Paris et autour de Notre Dame à la fois à la recherche d'âmes à sauver et de sa propre rédemption. Le comédien et réalisateur est franchement bon et il parvient parfaitement à faire ressentir toute la trouble ambivalence d'un personnage semblant à la fois fasciné tel un voyeur par les femmes qu'il agresse et horrifié par leurs vies de luxure qu'il tente d'expier à grands coups de couteaux. Cela donne quelques séquences assez troubles et jolies comme quand après avoir poignardé une victime il l'embrasse avec tendresse comme pour lui voler son dernier souffle. On notera aussi une autre petite scène très réussie durant laquelle une jeune femme lit les premières pages d'un manuscrit décrivant dans une amusante mise en abîmes exactement ce qui se passe à l'écran. Le film est comme ça bourré de jolis moments de mise en scène et de chouettes petites idées comme lorsque l'on entend les pas de l'assassin qui s'éloigne dans l'obscurité après qu'un curé ai refusé de l'absoudre en confession, une fuite pour symboliquement marqué qu'il s’éloigne de plus en plus de doctrines religieuses pour s'enfoncer dans les ténèbres. Le film ne manquera pas d'ailleurs de rapprocher ces messes noires dans lesquelles on sacrifie de jeunes filles à la gloire de l'ange déchu et les agissements criminels de ce fou de dieu qui assassine des jeunes femmes pour prétendument les sauver, renvoyant de manière assez maligne le bien et le mal dos à dos. Le Sadique de Notre Dame comporte aussi bien d'autres sombres attraits avec quelques scènes assez poisseuses et dérangeantes montrant notamment des rues parisienne pas très glamours avec des clochards qui se pisse dessus tout en marchant, des rues bordés de sex-shop et une bourgeoisie qui s’encanaille dans des partouzes maléfiques bien plus glauques que bandantes. On notera à ce titre cette scène d'orgie faisant suite au sacrifice d'une jeune femme poignardée dans le sexe qui est assez bizarre surtout à cause d'une bande son qui mélange du jazz cosy et des râles étranges, incantatoires et plaintifs.
Production Eurociné oblige, on retrouve forcément au casting de nombreux acteurs et nombreuses actrices du petit monde de la série B française des années 70 début 80 à commencer par la toujours aussi délicieuse Lina Romay. On retrouvera aussi des comédiennes propres à l'univers du réalisateur avec Nadine Pascal ( Celestine Bonne à Tout Faire – Deux Espionnes Avec un Petit Slip à Fleurs), Catherine Lafferière (Kiss Me Killer – Les Nuits Brûlantes de Linda) ou Monica Swinn ( Femmes En Cage – La Comtesse Noire). Pour incarner le flic qui qui tente d'arrêter le tueur on retrouve l’indéboulonnable Olivier Mathot avec ces 45 ans de carrière au service du cinéma bis, il est ici épaulé par Malou un flic venu de suisse avec sa loupe et ses faux airs de Sherlock helvétique incarné par Roger Germanes un acteur habitué aux personnages avec des noms à la con puisque l'année suivante il incarnera monsieur Capote dans un obscur porno intitulé Exaspération Sexuelle. Si Le Sadique de Notre Dame est un Franco bon cru le film n'évite pas quelques défauts pas totalement rédhibitoires mais un peu gênants sur la longueur, le principal restant une certaine routine et répétions dans laquelle le film s'installe une fois passés les premiers meurtres et les enjeux exposés comme si après il ne restait déjà plus grand chose à raconter. Le film n'évite pas non plus deux trois petites choses un peu ridicules comme cette étrange bruitage comique qui fait Pfuitttttttt et que l'on entend parfois lorsque le tueur retire le couteau de sa victime. On ne va pas chipoter tant on a connu Jess Franco nettement moins inspiré et pertinent que dans cette joli petit surprise.
Relecture light de Sexorcismes sorti en 1975, Le Sadique de Notre Dame est un bon petit film malgré son caractère un poil répétitif. Le film comporte de belles idées de mise en scène et une ambiance assez sombre et prenante avec un Jess Franco très convaincant dans son rôle de prêtre défroqué inquisiteur et voyeur semblant totalement perdu dans sa tête et son époque.