J'avoue que, par moi-même, je ne serai pas allé voir ce film. J'avais trop peur que cela ressemble à cette mode des films d'handicapés dont le seul but est d'attribuer une récompense à son interprète principal.
Il a fallu attendre que mon ado d'appartement étudie le livre de Jean-Dominique Bauby dans le cadre de ses études pour que je voie le film de Julian Schnabel.
Et la surprise fut très bonne.
D'abord par son casting. La liste des acteurs et actrices du film est impressionnante : Matthieu Amalric, Marie-Josée Croze, Emmanuelle Seigner, Patrick Cheisnais en un improbable médecin, un hilarant Isaac de Bancholé, Max von Sydow, Marina Hands et même un petit rôle pour Zinedine Soualem. Cela donne toute une pléiade de seconds rôles marquants qui évite de dramatiser l'histoire.
Car c'est bien, là aussi, l'un des grands avantages de ce film. On évite le pathos le plus possible. Ce n'est pas le cas à 100%, on a bien quelques scènes qui auraient pu être évitées. Mais le jeu avec la voix off de Bauby, qui donne constamment des commentaires parfois cyniques ou sarcastiques, permet d'avoir une distanciation de bon aloi.
Mais le meilleur, c'est la réalisation de Schnabel. Par l'emploi fréquent de la caméra subjective et de la voix off, il donne littéralement vie à ce paradoxe qui donne son titre au livre et au film, l'enfermement dans le corps et la liberté de l’esprit qui plonge dans les souvenirs et l'imagination.
Le cinéaste fait aussi le choix d'une réalisation très sensible, jouant sur les sentiments et les émotions de Bauby par une séries de procédés plutôt bien employés. On eut même parler de réalisation impressionniste à certains moments.
Le film est certes parfois maladroit, mais l'ensemble est plutôt bien réfléchi et donne une œuvre subtile et émouvante, évitant les pièges du genre.