Un meurtre fait apparaître l'hypocrisie méprisable de la bourgeoisie d'une petite ville de province. Pour éviter de fouiller parmi eux, tous s'acharnent sur le mouton noir, un jouisseur, séducteur et marginal. C'est même pour chacun l'occasion d'en tirer profit, pour sa notoriété, son commerce, sa gloire...Tous se retrouvent, juge, assassin, commissaire, légiste, vétérinaire, le soir autour de parties de bridge pour commenter avec cynisme et nostalgie leurs défauts. Paradoxalement, le seul qui semble regretter la victime est l'assassin.
Mais Lautner ne se contente pas d'une critique sociale dans une affaire policière. C'est avant tout un drame psychologique très noir ou l'assassin qui n'a pas le courage d'affronter ses responsabilités cherche à soulager sa conscience. Sur un rythme lent, nous vivons les affres du coupable qui ne peut se libérer de ce poids écrasant.
Lautner s'élève bien au-delà des mesquineries dénoncées par Chabrol et c'est la nature humaine et sa lâcheté qui est dénoncée ici. C'est un conte philosophique sur la nécessité du châtiment.
Il y a du Dostoïevski dans cette histoire.