"He wore a blazing saddle,
he wore a shining star !"
"Sa selle au soleil brillait,
Comme j'étoile sur son coeur !"
La question que je me pose à chaque fois que je m’apprête à regarder mon bon DVD du shérif est en prison est la suivante: VF ou VO ?
LA question que je ne me pose habituellement jamais !!
Mais je le connais par coeur depuis tant de temps, et dans mon enfance, je l'ai toujours vu en VF. Il est quand même particulièrement bien doublé et ses dialogues ont subi plus qu'une traduction, c'est là qu'on comprend vraiment le sens du mot "version".
Alors on préférera la VO pour arriver à l'essence de ce que voulais Mel Brooks, et la VF par nostalgie ou pour les "Nom de Dieu de bon Dieu de bordel de merde" et les "je vous paye pour aligner des rails, pas pour tortiller du cul comme les pédés de Kansas City" de Taggart, l'immense Slim Pickens.
Blazing Saddles, c'est le troisième film de Mel Brooks et sa première parodie. L'un de ses films les plus drôle, avec Young Frankenstein et High Anxiety.
C'est aussi un western, enfin une parodie de western classique.
Et c'est un film politique.
Coécrit avec, entre autre, le regretté Richard Pryor, c'est un film qui tire sur le racisme, à tel point que dans les salles les blancs bien pensants étaient mal à l'aise pendant que les autres se tapaient les cuisses et se faisaient mal aux abdos.
Faut se remettre dans le contexte de l'époque, 1973, c'est la fin de la guerre au VietNam, le mouvement pour les droits civils et l'égalité des noirs américains vient de s’achever et le bon Docteur King (pas celui qui va déchaîner Django mais Martin Luther) et Malcom X sont tous deux morts sous les balles.
Le western classique à l'époque, c'est fini. Même John Wayne préfère jouer les policier, se bouffant les doigts d'avoir refuser le rôle de Harry Callahan. Le western italien lui explose.
Alors c'est le moment idéal pour faire un film drôle, sur le racisme et pour ça, mettre un héros noir là où on n'a jamais vu un noir à l'époque, sur un cheval et avec une étoile de shérif sur le coeur est une idée de génie quoi qu'en pense Randolf Scott.
Le gros problème du film, sa faiblesse, c'est hélas l'acteur qui joue Bart, le shérif, Cleavon Little... c'est pas qu'il est mauvais, c'est qu'il est entouré d'une troupe d'acteurs bien meilleurs que lui, et on regrette que Richard Pryor n'est pu jouer le rôle, le film aurait été encore meilleur.
Et d'ailleurs parlons d'eux plutôt que de l'histoire.
Au dessus du lot, Gene Wilder, qui était déjà magnifique dans "les producteurs" du même Mel Brooks et qui sera à son apogée l'année suivante dans le rôle du petit fils de Frankenstein. Ici il joue un pistolero alcoolique et magnifique. Waco Kidd.
"-un homme qui boit autant, est un homme qui veut mourir !
-quand ?"
Harvey Corman est Hedley Lamarr, le méchant, l'excellent méchant. Ne dit on pas que plus le méchant est réussi et plus le film est réussi ? Ca marche aussi pour les comédies. Il joue un procureur qui travaille pour le gouverneur et pend à tout bout de champ, jeunes, vieux en fauteuils roulant, cowboys et leurs chevaux. Et il veut mettre la main sur le village de Rock Ridge pour y faire passer son chemin de fer et devenir encore plus riche. C'est lui qui aura l'idée d'offrir aux bons villageois leur pire cauchemar, un shérif noir. Le pire c'est qu'il n'a pas l'air raciste lui même. Mais il sait que la population l'est profondément et il compte bien là dessus.
"-Merci Eddy !
-C'est Hedley !!" (clin d'oeil à Hedy Lamarr, grande star du muet)
Slim Pickens joue donc Taggart, le cowboy pur et dur, l'homme de main de Lamarr. Chaque scène où il apparaît s'illumine et c'est impossible de le regarder ou de l'entendre sans rire. Apothéose dans la fameuse scène du bivouac...
"-encore un peu de haricot msieu Taggart ?"
Enfin Madeline Kahn qui joue Lili von Shtupp, parodie de Marlène Dietrich dans l'ange bleu, la femme fatal qui vous détruit un homme d'un simple regard. Énorme.
"Est ce vrai ce qu'on dit sur vous ? Que la nature a été plus généreuse ? Oh oui c'est vrai, oui c'est vrai, oui 'est vrai..."
Bon que dire d'autre, il y a des films dont on peut parler et des films qu'il faut regarder absolument. Et celui ci je me marre autant à le regarder qu'à en parler avec ceux qui l'ont vu, à se refaire les répliques et à se marrer encore des gags et des dialogues parfois tellement racistes qu'on ose toujours pas les dire en publique.
Une parodie de western classique qui est devenu... un classique.