Où il n'y a si bonne Septième Compagnie qui ne se sépare. Et où Sardou fûme un bédo fait-maison.

"À BAS LA HIÉRARCHIE"?

J'ai loué ce film quasi au hasard sur le site lacinetek où je débute: il était dans les conseils de la Cinémathèque de Toulouse (d'où viennent les Chevaliers du Fiel...).

Avec son personnage en grande vadrouille faisant une série de rencontres plus ou moins longues, avec plus ou moins de dialogues, plus ou moins philosophiques, il m'a fait penser à des histoires de certaines lectures forcées au collège et lycée m'apprenant le mot 'picaresque': "se dit d'œuvres dont le héros traverse toute une série d'aventures qui sont pour lui l'occasion de contester l'ordre social établi". Ici, l'armée, l'autorité, la hiérarchie, l'Eglise et une église (littéralement), le mariage, la réputation de la résistance, entre autres, sont à minima bousculés.

*****************************************************************************************************Le soldat Laforêt (joué par un Roger Van Hool; une sorte d'encore meilleur Edouard Baer) fait partie d'une compagnie de l'armée Française durant la débacle de 1940 se dirigeant à pieds vers Toulouse: on les rencontre pendant que l'un pisse, les autres sont assis et ordonnés de se lever. Ce qu'ils font de très mauvais coeur et je remarque à mon second visionnage que l'un a inventé une mini table portable qu'il porte en bandoulière devant lui, façon vendeuse de michoko en début de séance de cinéma d'antan...comme ça, les bidasses peuvent continuer à taper le carton tout en marchant! Sans doute le même qui inventera l'Ergo-baby, le porte-bébé devant soi.^^

Son camarade pissait dans ce paysage bucolique (décors atout majeur de l'oeuvre et histoire), le soldat Laforêt a lui la colique: il se précipite derrière un sapin.

Puis de retour sur la route, il accélère le pas et ne retrouve plus sa compagnie.

Un an plus tard, Pithiviers, Tassin et le sergent-chef Chaudard, perdront aussi leur 7e compagnie car partis en éclaireurs et pas pour faire popo.

Le beau soldat Laforêt rencontrera au moins 7 personnages au cours de sa recherche de compagnie qui se révèle très vite pseudo recherche.

3 de ses rencontres seront des anciens soldats ayant aussi perdu leur compagnie.

Le premier perdu qu'il rencontre est un Parisien comme lui, en quasi crise psychotique, joué par un très crédible Bernard Haller, un mélange ici de Jérôme Lambert et de Louis de Funès (notamment quand il lui montre en silence ses grades pour lui rappeler sans cesse de citer son titre militaire à la fin de chaque phrase quand il s'adresse à lui); sa paranoïa, délire et longues années de service en font un très lointain cousin du Colonel Kurtz.

Bernard Haller quittera l'histoire dans un plan très marquant: il disparait au loin à l'horizon marchant coincé entre deux rails de voie ferrée en plein centre de l'écran...il parle tout seul comme le déjà militaire Marlon Brando dans Reflets dans un oeil d'or en 1967 et il sautille parfois sur les côtés, tout en tirant , dans une sorte de Danse de Saint Guy m'évoquant un mélange de Charlot s'éloignant sautillant et de Yosemite Sam des Looney Tunes se soulevant du sol à force de tirer.

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Le doux soldat Laforêt, toujours fleur aux lèvres, rencontrera aussi Francisco Rabal, qui est aussi un détaché de ses camarades espagnols: si je l'ai bien compris en dépit de son accent.

Le troisième soldat esseulé qu'il croisera vers la fin, dans le village, est le plus triste: j'ai un temps pensé que c'était Bernard Haller mais apparemment c'en est un autre; c'est un soldat devenu quasi SDF qui est même suivi d'un chien squelettique qui ne lâche plus lorsqu'il s'écroule au coins d'une rue contre un mur.

Le nonchalant soldat Laforêt avait déjà croisé un autre SDF, sa toute première rencontre (celui qui lui confirmait qu'une barque n'était pas à lui): la plus belle scène du film au début où après avoir perdu sa compagnie, il croit la voir en haut d'une colline, court vers elle mais il doit traverser une rivière, emprunte une barque, qui se révèle n'avoir qu'une rame, et qu'il manipule encore plus mal que je ne le fais avec mon clavier...le bateau va vers la droite, puis vers la gauche, se perd en direction, comme mon texte, le soldat Laforêt comprend qu'il n'atteindra jamais l'autre rive, la barque est alors prise dans le courant, il abandonne et s'abandonne au sommeil en se couchant au fond. Il se laisse alors porter par les flots comme le fera le soldat Schofield mais sans barque dans 1917.

Au fond de sa barque glissant la rivière, le soldat Laforêt assoupi est alors 'Dormeur' au fond d'un val mais sans "deux trous rouges au côté droit" (pour l'instant?)

(pour l'instant?...car la fin pseudo ouverte fait douter de son sort).

Michel Sardou fera allusion à ce poème dans sa chanson « Rouge ».

Son père, Fernand Sardou joue ici le SDF que le soldat croise en tout premier: celui qui lui laisse emprunter la barque puisque pas à lui de toute manière; il le recroisera plusieurs fois...une fois pour lui demander s'il n'a pas vu celle dont il vient de tomber amoureux (il me semble que Sardou Père fait alors allusion à une de ses chansons: "ou peut-être"?) ; il le recroisera sans lui parler puis à la fin, après une peine d'amour,

où Sardou lui roule une cigarette pleines "d'herbes".

Il me rappelait un peu l'ange gardien dans 'La Vie est belle'(rappel assez à tort et en vain).

Perdant de plus en plus son uniforme, le jeune Laforêt passe de militaire à de plus en plus hippie...il emprunte un bob à un épouvantail...on le recroisera sans son barda.

Mais avant il croisera aussi un couple cherchant une nouveau logement mais se révélant errant sans fin...se disputant trop, il les abandonne soudain après les avoir aidés, eux et leur chien de chasse. Le mari, jaloux aussi , est joué par Jacques Dynam que je crois je n'avais jamais vu sans Louis de Funès. Il est tout aussi crédible, crevant de chaud à tirer sa maison sur une charrette...où trône à son sommet une machine à coudre qu'on aurait crue volante quand elle est apparue au dessus des murs.

Son mouchoir sur la tête avec ses 4 nœuds est comme ceux de Tintin et Haddock dans le désert.

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Il rencontrera aussi un vigneron souriant qui insiste et l'invite à boire et manger avec lui car c'est rare que quelqu'un passe: il se révèle apparemment un mari jaloux et cocu dont la femme serait absente pour galipettes chez d'autres...au retour de la dite-gourgandine, le jeune soldat, aura une autre version et je crois qu'on rencontre alors une "paraphilie sexuelle"...Je ne suis pas certain. Cherchant le nom de la pratique sexuelle dont je soupçonne ce couple de 1972, je tombe sur article de 2022 m'apprenant qu' "Admirer sa compagne en train d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme est une pratique qui reste très conventionnelle" (sic; ah bon? "le cuckolding"). Le lendemain, le vigneron supplie le jeune homme de rester encore une nuit...

Avec Fernand Sardou (le SDF philosophe et coach fumeur d'herbe) , Jacques Dynam le bousier stressé en plein déménagement forcé, le troisième seul acteur que j'ai reconnu est ce vigneron joué par l'acteur qui perd son pantalon lors du procès dans L'aveu: Jacques Rispal.

Il raconte au jeunot qu'il qu'il ne s'est pas fait tout petit devant une poupée qui s'est déshabillée au travail devant lui. Il semble partager ou vouloir partager sa femme...en ellipse et hors-champ, j'ai cru comprendre qu'il y a eu triolisme ou partage d'épouse, elle aussi volontaire?

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Laforêt marche ...en forêt où il tombe sur 4 personnages semblant reproduire une réplique vivante du tableau 'Déjeuner sur l'herbe' de Manet (1863; 2 hommes habillés, 2 femmes toutes nues...certains pensent qu'elles le sont en rêve-éveillé pour les deux autres et l'auteur); Roger Van Hool les observe dans cette sorte de 'Live action' d'une oeuvre peinte. Disney fera quelques unes de ces oeuvres dessinées et peintes en “prise de vues réelles...

d'ailleurs l'acteur, juste avant cette rencontre quasi surréaliste, imitait Tarzan.

Etonnamment, il ne leur parle pas, une fois qu'une des deux femmes nues a cessé de chanter et que leurs instruments de musique se sont tus, dont des pipeaux...ils font même signe à l'étranger mais il choisit de s'éloigner. Considérant sans doute que ces jeunes femmes avaient déjà quelqu'un.

Ou alors, il n'est pas resté avec eux car il ne pense pas que ces deux femmes nues et leurs deux accompagnateurs qui avaient sortis leur instrument, étaient réels? Car à ce moment il n'est pas des plus en forme, l'ex soldat doit avoir faim car dans la scène suivante, il chasse de manière erratique et par chance tue un lapin (au ralenti ce pauvre lapin est le meilleur acteur du lot...son saut périlleux, Somersault parfait, est mémorable...)

Je découvre sur le site de lacinetek que deux acteurs du film, Fernand Sardou et Catherine Rouvel, ont justement joué 20 ans plus tôt dans le le film 'Déjeuner sur l'herbe' de Renoir.

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Catherine Rouvel joue une des femmes que le soldat croise. Il l'avait prise pour un lapin, avait tiré et ne l'avait exceptionnellement pas tuée. Elles a des airs de Claudia Cardinale et Gina Lollobrigida ou de leurs personnages. Ils passent une nuit ensemble dans un château, abandonné à la va-vite par ses riches proprios fuyant façon 'Milou en Mai'.

Elle disparait.

Après avoir passé une partie du film à chercher sa 7e compagnie, il en passera une partie à rechercher cette belle compagnie que fût cette femme callipyge. Au rire désarmant.

Il se confie au SDF Fernand Sardou qui n'est d'aucune aide mais devine qu'il est amoureux.

Il la retrouve dans une ferme mais découvre qu'elle est déjà femme d'une version de lui-même mais plus âgée...Francisco Rabal (Qui n'articule pas trop mais reste juste et crédible). Il me fait découvrir un poème que je dois chercher.

Finalement le cocu et l'amant s'entendront dans une des plus belles ellipses du cinéma.

Amis et travaillleurs: compagnons coupant un tronc phallique.

Cette belle partie du film est une sorte de Jules et Jim champêtre. Une mini communauté avant d'en croisée une autre plus grande.

Le plus vieux s'éloigne pour leur donner une chance ou par calcul.

Le jeune Laforêt, beau-parleur amoureux, et la belle, s'enfuient mais elle change d'avis dés le premier matin. Et elle revient auprès de son espagnol.

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Le jeune soldat en a le coeur brisé.

Il recroise encore le clochard champêtre Fernand Sardou qui lui offre un remède de sa confection..."des herbes que je ramasse moi-même" et ils les fument!

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Il recroise finalement ce qui semble de jeunes résistants armés. Il est d'abord appréhensif car les derniers hommes armés qu'il avait vus au début abattaient d'autres hommes au fond d'un clairière aux pieds d'une falaise.

Ces nouveaux résistants forment en fait un genre de phalanstère ...mélange de sortes de hippies, de philosophes et de mercenaires.

Un résistant avoue à Laforêt qu'il est en fait là que pour les femmes...qu'il rêve de faire l'amour dans la nature tout le temps...je connaissais sa tête mais plus son nom: épatant Henri Courseaux. Une sorte de Pierre Richard, Pascal Demolon et Darry Cowl, très souriant.

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Le futur a donné raison à la fin de ce film: elle donnait un avis sur l'avenir des rêveurs...

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