En deux lignes :


Alors que tout l'accuse, l'enquêteur phare d'une compagnie d'assurance soupçonne une jeune femme chargée de moderniser son entreprise d'être responsable d'une série de vols de bijoux.


Et en un peu plus :


Woody Allen à l’écran, c’est souvent un individu maigrichon, hâbleur et geignard à la fois, toujours un peu dépassé par les événements, toujours un peu écrasé par ses angoisses.


Woody Allen derrière la caméra, c’est un talentueux stakhanoviste. Depuis 1969, il a ainsi réalisé plus de cinquante films, soit pratiquement un par année. Et si sur un tel nombre, certains sont fatidiquement mauvais, beaucoup conjuguent charme et intelligence et certains confinent au génie.


Il a, à quelques reprises, gagné des Oscars et d’autres prestigieuses récompenses qu’il n’est jamais allé chercher. Parce qu’il joue de la clarinette le lundi soir dans un ensemble. Ça ressemble à une pirouette élégante et un peu absurde, bien dans le ton des personnages qu’il incarne généralement… et c’est pourtant vrai. Mais cela reste, bien sûr, une pirouette : Allan Stewart Konigsberg n’est pas un grand amateur de récompenses académiques. Sans doute parce que, comme il l’a fait remarquer : « Cette histoire de récompense, c’est un peu idiot. Je ne peux pas m’incliner comme ça devant le jugement des gens, parce que si vous le faites quand ils prétendent que vous méritez une récompense, vous devez aussi le faire quand ils prétendent que vous n’en méritez pas. »


De The Curse of the Jade Scorpion, Woody Allen a dit que ce film était probablement le pire qu’il ait tourné (encore que les candidats à ce titre ne manquent pas selon lui). La raison ? Comme Jack Nicholson et Tom Hanks avaient décliné le rôle principal, Woody Allen s’est rabattu sur lui-même pour incarner C.W. Briggs, le film s’infléchissant ainsi vers quelque chose de plus léger qu’il n’aurait fallu, au détriment des autres membres du casting. Un curieux retour des choses si l’on pense qu’au début de sa carrière, Woody Allen avait exigé d’obtenir un rôle mineur dans What’s New, Pussycat?, le premier film qu’il ait écrit, et qu’il avait par la suite modifié l’intrigue du film de manière à s’accorder davantage de présence à l’écran à l’exaspération croissante de l’acteur tenant le premier rôle, jusqu’à ce que le producteur y mette bon ordre.


Et pourtant, malgré ce jugement sévère du principal intéressé, The Curse of the Jade Scorpion est un bon divertissement. S’il n’est pas révolutionnaire, c’est qu’il est avant tout un double pastiche. Du film noir d’une part, dont il emprunte les archétypes et les thématiques ; de la screwball comedy d’autre part, sur laquelle se construit la relation entre C.W. Briggs et Betty-Ann Fitzgerald. Un mélange improbable mais réussi où la légèreté incisive l’emporte sur la part d’ombre.


Et sans doute a-t-on le droit, parfois, de s’accorder un peu d’insouciance, une intrigue farfelue, la visite d’un marché persan et un séjour à Madagascar.


Avant le claquement de doigts.

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Créée

le 20 nov. 2019

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