"Je ne vois que ce que je crois"...
Série de remarques superficielles et personnelles ("pléonasme"),
sur une oeuvre dont tout a été dit mais rien n'a été vraiment utile,
puisque tant encore d'actualité 400 ans plus tard: on ne devrait pas s'en vanter ou peut-être le célébrer tant que cela, mais peut-être plutôt avoir honte?
_______Molière: enseignement forcé à l'école; sans doute pour le mieux car le peu qui m'est alors resté a peut-être servi de fondement à mes rencontres avec ses oeuvres des années après.
Où, ayant alors plus connu la vie, 'Mes amis, mes amours, mes emmerdes...' j'ai mieux compris des aspects des pièces de Molière.
_________grâce à France Télévision, j'avais vu la version avec Jacques Weber et Pierre Arditi, moins drôle, plus sage mais sans doute plus uniforme.
__________ici, j'ai éclaté de rire, notamment lorsque Tartuffe ne peut plus se contenir avec la femme de sa cible: Michel Fau est alors juste hilarant.
La pièce n'est plus disponible mais reviendra sans doute sur le site de France.tv où beaucoup d'autres spectacles sont visibles notamment de Theatre-et-danse.
Le site Francetvinfo.fr titre assez bêtement à mon avis que c'est un "Tartuffe voluptueusement chrétien de Michel Fau et Michel Bouquet". Car Tartuffe n'est pas chrétien. Il est un ersatz de chrétien.
_______________Fau semble s'être inspiré de Gary Oldman en Dracula dans le Francis Ford Coppola. Pour sa chevelure, costumes, voire même décors.
Il est vrai qu'il vient siphonner la famille sur laquelle il se jette, il vient en sucer l'énergie vitale.
Il semble rêver un peu d'une aventure à la 'Théorème': vise d'abord la mère, puis la fille. Je découvre un Alexandre Ruby (un peu Beigbeder bodybuildé?): le fils dont sa tenue, maquillage et attitude rappellent avant l'heure, ceux de Joaquin Phoenix dans 'Joker'.
________________j'aime quand, à la fin, le pigeon tout le long ,
a enfin réalisé qu'il se faisait avoir,
mais c'est à son tour, de ne pas arriver à convaincre sa propre mère,
qui est elle encore sous l'emprise du guru.
Je redécouvre un amusante Christine Murillo dont entre autres, le secouement de tête en déni, est juste hilarant et affligeant.
Tout ça est arrivé récemment dans une riche famille à Bordeaux...
"...le mystérieux Thierry Tilly a été écroué en France.
Il est accusé d'avoir endoctriné et dépouillé onze membres d'une famille aristocratique du Lot-et-Garonne...Il y a plus de dix ans, les Védrines incarnaient une grande lignée aristocratique protestante établie dans le Lot-et-Garonne. Désormais, le nom de cette famille, aujourd'hui ruinée, est associé à une stupéfiante affaire d'emprise mentale. Durant plusieurs années, onze de ses membres sont tombés entre les mains d'un gourou présumé..." (wiki "Affaire des reclus de Monflanquin".)
Valet devenu huissier:
_______________________j'aime toujours autant la scène où l'ancien employé du père du pigeon vient se régaler à expulser le fils de son ancien patron,
le mettre hors de chez lui et le priver de toutes ses richesses immobilières...
On pense à un mélange de Béria/Terreur/Ressentiment social...la jouissance de l'ancien opprimé à qui on vient de donner un peu de pouvoir...par 'gentillesse', il leur laisse "la nuit" pour se préparer.
Ce qui rappelle de toujours bien traiter ses domestiques, on ne sait pas si demain, ils ne seront pas huissiers...
La bonne de Louis de Funès dans 'Oscar' devient baronne.
Mimi Seku, l'acteur, d' 'Un indien dans la ville' est devenu greffier, mais il aurait tout aussi bien pu devenir huisser et venir embêter ceux qui ne l'ont plus embauché.
Dans un de ses films, Zach Braff revient dans sa ville natale, et son copain d'adolescence et mini voyou est alors devenu entre temps...policier, gardien du 'Garden State'.
C'est comme les petits boutonneux comptables et puceaux un jour, qui un autre jour se retrouvent, Commissaires aux comptes ou Juge des affaires financières ou Procureur à Nice...
Ici le Adolfo Ramirez à qui on donne enfin du pouvoir est un amusant et juste Georges Becot. Bien tout fourbe, tout petit en apparence, que j'aurais aimé voir entouré des "10" gros bras dont il parle, et avec qui, il va "passer la nuit" chez ceux qu'il exproprie.
"Démêlez la vertu d'avec les apparences" conseille le beau-frère:
____________Un second rôle clé est même mon préféré (comme dans 'Cyrano' l'est Rageneau; entre autres, pâtissier, ce second rôle a vie bien remplie; le seul à qui Cyrano dit même, "Toi tu me plais" car Cyrano se rend compte qu'il s'est trompé à son sujet lors de sa première impression...me pâtissier déguise sa charité en abus pour qu'on ne l'en remercie pas etc.). Ici, le beau-frère est clé aussi.
Mes passages préférés et eux éternels et universels, sont les monologues ici du second-rôle, le beau-frère.
Joué par un Bruno Blairet dont j'ai aimé la tête à la John Cleese quand il comprend que le cas d'endoctrinement est grave et quasi désespéré, genre "t'es sérieux là?".
Celui au début où il tente de faire avaler la pilule rouge... à celui qui est escroqué, qui est embobiné,
dans une fantaisie créée par le Messmer enjoliveur et manipulateur.
Le beauf essaye en vain de faire prendre conscience de la réalité à l'hypnotisé et fasciné.
Le beauf essaye en vain de lui faire voir l'hypocrisie de son nouveau mentor.
Michel Bouquet et/avec son âge avancé, sont alors juste un atout et impeccables dans leur hébétude,
avec le regard de lapin pris dans des phares.
Il a les yeux de ceux sous l'emprise du serpent Kaa dans 'Le Livre de la Jungle'.
Peu importe si c'est à cause de son âge avancé, ces yeux sont utiles ici.
Mais j'aime tout autant aussi, le monologue du beauf à la fin, où il doit calmer les hardeurs hargneuses
du riche puissant macho qui est en colère, vexé de s'être fait berné et presque cocufié...
le pigeon est réveillé de l'emprise et menace alors de devenir Charles Bronson,
se faire le Justicier de TOUS les croyants, de se venger.
Il met tous les guides spirituels dans le même sac de serpents.
Tout le blah blah alors du beauf est de lui apprendre LA NUANCE.
...de ne pas pas passer d'un extrême, à un autre: d'abord tout croire et adorer en entier,
pour ne plus rien écouter et haïr tous.
Apprendre la nuance, Bouquet ne personnifie-t-il alors pas à ce moment la France?