Je découvre ce film grâce au Cinéma de Minuit de Patrick Brion. Je le spoile un tout petit peu.
Il me rappelle un épisode de la série Frasier où le naïf psychiatre pense que les voyous dorment mal et culpabilisent.
Ma culture ayant surtout été faite par la télé, cette série m'avait appris un proverbe anglais qui résume très bien le film:
_"A guilty conscience needs no accuser" (une conscience coupable n'a pas besoin d'accusateur!...elle se dénoncera d'elle-même).
Dans cet épisode , Frasier est encore hilarant quand torturé par le sentiment d'injustice de voir son collègue de travail Bulldog passer aux yeux de tous pour un héros innocent alors qu'il SAIT qu'il est coupable. Frasier pense d'abord le dénoncer puis compte EN VAIN sur le sentiment de culpabilité de Bulldog pour reconnaître qu'il a menti, qu'il est coupable...
Or, comme Woody Allen nous le rappelait dans 'Crimes et délits', c'est un lieu commun et espoir vain de croire que toutes les mauvaises personnes dorment au moins mal...
Résumé de l'épisode: "Bulldog est proclamé héros après avoir réussi à déjouer un vol à main armée au Café Nervosa. Frasier a vu ce qui s'est passé et sait que l'action de Bulldog était tout sauf héroïque, mais celui-ci refuse d'avouer":
Frasier: You know what, I was determined to expose you, but it suddenly occurs to me I don't have to. You'll do it yourself. And you know why? Because a guilty conscience needs no accuser.
Bulldog: That means you won't tell?
Frasier: Once again, I don't have to, because a guilty conscience sleeps in thunder. [Bulldog looks blankly at Frasier] It means I won't tell. (texte copié collé du site 'Frasier quote', je ne trouve hélas pas le nom du journaliste)
Et dans un espoir de le faire avouer de lui-même qu'il est coupable, Frasier invitera et fera défiler devant Bulldog: sa maman et son coach mentor sportif...ceux qu'il croît lui auraient inculqué la vergogne et l'honnêteté qui le pousseront à avouer.
Dans ce film de Pietro Germi dont je ne connaissais que justement 'Le Mauvais Chemin/La Viaccia' (et il n'y est qu'acteur!...)
la mauvaise conscience du coupable est représentée par un Ernesto Almirante que je découvrais aussi. J'aime particulièrement son beau regard et ses expressions: tour à tour bon enfant et gentil mais qui peuvent s'aiguiser et vous fendre. Son oeil frise ou se fait perçant!
L'accusé coupable que son avocat habile a sauvé est aussi une découverte: un Roldano Lupi (qui m'a rappelé ici un mélange de Gilbert Melki et des mafieux dans les Tex Avery avec aussi l'ombre de barbe apparaissant à 17 heures).
La série Frasier m'avait appris via un proverbe que la conscience coupable d'un homme joueraitle rôle de doigt accusateur pour torturer son hôte.
Le film 'Les Anges Gardiens' et son père Tarain ("A-I-N comme du bon pain")
m'avait rappelé l'expression biblique « L'œil était dans la tombe et regardait Caïn. » (car je n'avais pas de suite compris ce que Clavier criait à l'aéroport au coupable).
Quand le personnage de Clavier pense que le voyou joué par Depardieu sera "taraudé par sa conscience":
_"" 'L'œil était dans la tombe et regardait Caïn' est aussi une phrase d'un poème de Victor Hugo; elle était apprise pour l'éducation de la conscience morale. Selon la mentalité de l'époque, l'ordre social était garanti par un être supérieur, Dieu.""
_"Ce n'est pas moi mais votre conscience qui vous arrêtera! - ça va vous tarauder, vous ne vivrez plus! Elle vous poursuivra jusqu'à la St-Glinglin! "L'oeil était dans la tombe et regardait Cain!" (Les Anges Gardiens, 1996)
...ce père Tarain de 1996 illustre littéralement le vieillard de 1946 car c'est justement qu'une fois dans la tombe que le regard du témoin hante le plus et le plus lourdement le Antoine Carco du film Italien: pour Pietro Scotti joué par Roldano Lupi, l'œil est alors littéralement dans la tombe...