Les vacances sont finies, l’appréhension, mêlée à une pointe d’excitation, pointe le bout de son nez face à la rentrée qui se profile pour le jeune Pagnol… Et oui, l’enfance ne se résume pas aux moments de joie passés en famille, mais aussi aux petites aventures scolaires, et c’est justement sur cet aspect scolaire que s’attache Le Temps des amours, mais également sur cette période de transition charnière dans une vie que représente l’adolescence, où quand l’enfant apprend à devenir adulte.
On suit donc Pagnol et son ami Lagneau se faire une place au Lycée et s’adonner à un apprentissage scolaire mais également à développer leur intelligence «malicieuse», en déployant toutes sortes d’astuces pour s’amuser et faire des farces au nez et à la barbe des professeurs. S’établit ainsi, entre la fin du Temps des Secrets et la première partie du Temps des amours, une étroite complicité entre Pagnol et Lagneau ; je dois dire que le sentiment de camaraderie est très bien retranscrit, et il est très amusant de voir évoluer les deux compères. Savoir se moquer suffisamment subtilement d’un professeur – ou, plus généralement, d’un adulte – pour ne pas se faire punir est tout un art ! Et les voir jouer ainsi tout en sachant rester sur la frontière étroite entre respect et insolence m’a fait remonter de bons souvenirs…
Vous l’avez compris, la camaraderie est au centre du Temps des amours, mais également la peinture de cette période où l’on commence à bâtir ce qui, réellement, nous définira par la suite en tant qu’adulte, cette période où l’on fait des choix capitaux. Ainsi la passion de Pagnol pour la littérature, pour l’art, va véritablement germer dans cette deuxième partie du diptyque, et c’est également dans ce film qu’il rencontrer son premier vrai amour, l’histoire avec la jeune Isabelle Cassignol n’étant, au final, qu’un jeu d’enfants…
En parlant d’Isabelle, l’adaptation de Thierry Chabert s’écarte, de temps à autre, du récit de Pagnol (ce qui est normal, on ne demande pas à un film d’être une reproduction exacte d’une autre œuvre), et je trouve certains de ces ajouts un peu maladroits, comme la deuxième rencontre entre Pagnol et Isabelle maintenant jeunes adultes, justement. Thierry Chabert a aussi fait un choix, qui peut se discuter : celui de garder un esprit positif tout au long du film, et ainsi de garder la mère de Pagnol même lors de la deuxième partie du film où celui-ci est devenu adulte. Personnellement, ça ne me dérange pas, car cela permet au film (et au diptyque de Chabert en général) de conserver ce charme de l’insouciance enfantine qui me plaît et me parle, et de proposer un plan final magnifique où les parents de Pagnol dansent et ce dernier, faisant preuve d’abnégation alors qu’il vient d’apprendre une bonne nouvelle le concernant, ne veut pas troubler ce moment de bonheur, car : «Aujourd’hui, c’est le jour de gloire de mon père, et de ma mère aussi. Moi, j’ai le temps».
En réalité, tout le film pourrait être un répertoire de citations, tant je trouve les répliques justes, tantôt rigolotes, tantôt rêveuses, tantôt touchantes. Oui, j’ai bien aimé ce petit diptyque de Thierry Chabert qui vient clore le travail d’adaptation des Souvenirs d’enfance commencé par Yves Robert en 1990. Si les films de Chabert n’atteignent pas la puissance nostalgique des adaptations de Robert, ils n’en restent pas moins très sympathiques et, surtout, ils possèdent l’âme des œuvres de Pagnol.