Nul ne sait décrire l’enfance mieux que Pagnol. Dès que l’on se plonge dans l’une de ses œuvres, tout son passé familial prend vie immédiatement et fait ressurgir en nous cette petite nostalgie que l’on a tous ressentie au moins une fois, la nostalgie de l’enfance. Et ce sont ces émotions, cette retranscription fidèle et touchante de la vie, des bêtises, mais aussi des découvertes et des exploits d’un enfant que l’on retrouve dans cette première adaptation du troisième tome des Souvenirs d’enfance !
On suit le jeune Pagnol lors de ses vacances à la Bastide Neuve, au milieu de cette belle nature du Sud de la France qui enjolive tous les plans, sans que ceux-ci soient particulièrement travaillés ou sophistiqués. Grâce à cela, chaque image du film déborde de couleurs, de vie, et c’est un vrai plaisir à regarder. Ce décor idyllique semble lui-même être la transposition des joies naïves de l’enfance, une sorte de petit paradis de la mémoire, où tout défaut a été gommé pour ne garder que la beauté et les bons souvenirs. Le jeune Pagnol lui-même découvre alors toutes les beautés de ces paysages, fait face à ses premiers émois «amoureux» avec Isabelle, mais également à ses premières désillusions... Puis vient le moment tant redouté de la rentrée, où à l’appréhension se mêle une forme d’excitation chez le jeune Pagnol, sentiments que l’on a tous déjà éprouvés !
Il y a un point qui m’a fait un peu tiquer au début et qui peut déplaire : le jeu d’acteur. Dans l’ensemble, les acteurs se débrouillent bien et restent crédibles, mais par moment on sent que certaines répliques sont trop propres, trop scolaires, on sent qu’il y a un texte derrière tout ça. Ca peut en déranger certains, c’est clair, mais moi, au contraire, je trouve que cela contribue au charme du film. Après tout, les souvenirs d’enfance sont une version idéalisée de cette réalité qui était la nôtre quand nous étions jeunes et insouciants et dont nous avons tendance à gommer les aspérités, comme ce cher Pagnol. Nous créons une sorte de refuge, un point d’ancrage vers lequel nous retourner ;et alors quoi de plus logique que d’attribuer, parfois, des dialogues idéaux et donc trop scolaires aux personnages de cette histoire ? Comme si, sans le vouloir, Thierry Chabert avait réussi à rendre cohérent le fond et la forme de son adaptation du Temps des Secrets…
Enfin voilà, Le Temps des Secrets est un joli petit (télé)film, qui souffre de quelques défauts, certes, mais qui transpire de bonne volonté, qui sait proposer de très beaux plans sublimés par une musique magnifique, et dont tant de passages touchants sonnent tellement justes que je ne pouvais m’empêcher de de les regarder avec une certaine tendresse et le sourire aux lèvres !