Probablement la première superproduction de SF de l'histoire du cinéma, le film surprend par sa forme, ses plans d'ensemble avec une foule de figurants que ce soit sur Mars avec son assemblée de gretchens en robes blanches ou sur Terre avec l'arrivée du vaisseau, très réussie avec en prime des plans aériens de Copenhague. Il y a quelques bonnes astuces de mise en scène comme par exemple le fait de décrire l'atelier de construction du vaisseau en ne filmant que des échelles, des chaines et des poulies. Mais s'il convient de louer la forme, que dire du fond. On a parlé de propagande pacifiste, l'intention est louable, encore faut-il savoir de quel pacifisme on nous parle, ici on a surtout l'impression d'un film de propagande pour une secte : ces gens-là sont pacifistes mais aussi végétariens, antialcooliques, eugénistes, et s'habillent tous de la même façon avec des crosses pour les messieurs comme les pasteurs de l'antiquité, ils associent le plaisir au désordre et s'il prônent l'amour, ils glorifient la chasteté (à ce sujet la scène de flirt sur Mars est d'un ridicule achevé). Quant à nos terriens, ils prient tous les cinq minutes, invoquent le seigneur à tout bout de champ, il faut voir la façon dont le capitaine mate une mutinerie, en levant les bras au ciel et en faisant mettre toute le monde à genoux. Dans ce film les terriens et les martiens ont au moins un point commun, ils ne connaissent pas l'humour ! Sinon, la restauration est un véritable sans-faute.