Le veilleur de nuit surprend par son étonnant mélange de comédie étudiante potache, de thriller glauque et de giallo sanguinolent. Ole Bornedal y épuise toutes ses références, à l'occasion d'un pot pourri d'influences assez revigorant. L'histoire, peu banale, prend place dans un hôpital glauque à souhait dont le dernier étage est le lieu de tous les mystères, et sa morgue le terrain de jeu particulier d'un tueur nécrophile pas très recommandable. Inutile de vous dire que la séance est parfois déstabilisante, même si elle manque un peu d'assaisonnement pour remporter totalement l'adhésion.

Du point de vue de sa réalisation d'abord, qui se fait bien timide. On le ressent notamment lors de cet hommage non dissimulé rendu par Ole Bornedal à l'univers du Giallo. Tueur en vue subjective, victime naïve et musique stridente dès que le cinglé passe à l'action. Le passage fait sourire, mais manque cruellement de maîtrise. Peut-être que son manque d'impact est également la faute à son arrivée tardive dans l'histoire, à un tournant décisif du film qui nous apprend enfin qui est le tueur. Le problème, c'est que si l'on est un minimum attentif, on comprend bien vite de qui il peut s'agir. Ole Bornedal écrit son histoire sans aucune ramification, sans réelles fausses pistes, à tel point qu'il est quasiment impossible de se laisser surprendre.

C'est bien dommage, car Le veilleur de nuit a pour lui une galerie d'acteurs sympathique. A commencer par le rejeton Lanister qui, bien avant de conter fleurette à sa propre sœur, déambulait dans les couloirs de son hôpital, lampe torche en main, pour contrôler les errances nocturnes des dépouilles mises sous sa garde. Nikolaj Coster-Waldau est très bon dans ce rôle à contre emploi de celui qui a fait sa réputation, à fleur de peau, un peu naïf mais sincère. A ses côtés, Kim Bodnia est tout l’inverse, joueur, cabotin, il construit habilement la seule ambiguïté du film avec ses défis débiles pour adolescents pas plus intelligents. Moins convaincu par contre par l’homme qui incarne notre timbré adepte des corps froids : son jeu trop rigide ne laisse aucun doute quand au devenir de son personnage.

Le veilleur de nuit est un film qui sait être enthousiasmant malgré ses évidents défauts. On y sent un envie de faire plaisir et des influences en pagaille que Ole Bornedal tente de s'approprier, parfois un peu maladroitement, mais toujours avec un si sincère désir de bien faire que l'on ne peut lui en tenir rigueur. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’il était conscient des faiblesses de cette première proposition puisqu’il signera son propre remake 4 ans plus tard.
oso
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le 2 août 2014

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