Le Voyage de Chihiro, que j'ai découvert à sa sortie salles (en 2002, j'avais 19 ans), est cette oeuvre qui a non seulement défini mon rapport au cinéma, mais également mon rapport au monde.
Le Voyage de Chihiro m'a fait découvrir que le cinéma et même l'art au sens large, permettait de transcender les barrières culturelles à propos de choses diverses et variées. Il m'a ainsi initié à la richesse et à la complexité de la culture japonaise dont les différentes idéologies, ou encore l'Histoire - notamment celle autour de la seconde guerre mondiale -, ont défini une société très spéciale mais fascinante. Il m'a également rendu sensible à la portée métaphysique de certaines thématiques, comme l'ouroboros qu'est l'empreinte écologique de l'Homme - Miyazaki semblant fasciné par cette Nature dont l'homme et son évolution sont parties intégrantes, mais qui inévitablement, s'autodétruit tout en créant de magnifiques choses.
Le Voyage de Chihiro m'a prouvé pour la toute première fois, que l'imagination et sa portée allégorique n'avaient de réelle limite que celle que s'impose un auteur à explorer des thèmes qui lui sont chers. En cela, Miyazaki (dont je n'avais rien vu avant) est certes l'un des auteurs les plus fascinant du monde... Mais finalement chaque auteur n'est-il pas en soi fascinant, lorsqu'il parvient à exprimer des choses complexes via une caméra, des ordinateurs, un crayon ? UN film, CE film, m'a incité à repenser ma préconception du cinéma. À ne plus regarder sans voir... À aller au delà, à avoir de l'empathie pour les démarches d'auteur au delà de mon appréciation d'une oeuvre, à percevoir d'autres niveaux de lecture.
Quelques autres films eurent le même effet sur moi, celui de redéfinir ma préconception du cinéma. Lawrence d'Arabie, Memories of Murder, Jurassic Park & la Guerre des Mondes, Les Chaussons Rouges, Opening Night, The Wire, la trilogie Mad Max, Network, ou encore L'ange Ivre de Kurosawa... Mais Le Voyage de Chihiro est pour moi très important, puisqu'il fut le premier.